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pour cela à l’améliorer, il nous en avertit lui-même ; et il ajoute : « nous estimerions que nos recherches ne méritent pas une heure de peine si elles ne devaient avoir qu’un intérêt spéculatif »[1].

Quels sont donc les biens auxquels M. Durkheim attache du prix ? C’est, dans la société — car M. Durkheim paraît uniquement préoccupé de morale sociale —, la discipline[2] ; c’est l’harmonie encore[3] ; c’est la solidarité sentie par les membres de la société[4] ; c’est l’absence de toute contradiction dans les idées, dans les institutions[5].

Ces biens, cependant, ne sont pas des biens premiers, ils ne nous placent pas au cœur de la doctrine. La solidarité, par exemple, a du prix parce qu’elle contient et retient l’individu, parce qu’elle refoule les égoïsmes toujours prêts à se déchaîner[6]. Les contradictions doivent être éliminées : c’est qu’il y va de l’existence même des sociétés[7].

En fin de compte, où donc tendra la doctrine de M. Durkheim ? Sera-ce vers cet idéal, la plus grande somme possible de bonheur pour les êtres capables de bonheur ? M. Durkheim répugne à l’adoption de cette formule, et cela pour des raisons diverses. Ainsi, d’un certain passage de M. Durkheim, on pourrait induire que l’idéal utilitaire paraît à M. Durkheim un idéal trop

  1. De la division du travail social, 2e éd., Paris, Alcan, 1902, Préf. de la Ire éd., p., xxxix.
  2. Les règles de la méthode sociologique, 3e éd., Paris, Alcan, 1901, 5, §4, p. 152.
  3. V. par exemple De la division du travail social, III. 3, § 2, p. 382.
  4. V. Conclusion, § i, p. 382 et passim.
  5. Préf. de la Ire éd., p. XL.
  6. Conclusion, § i, pp. 394, 396.
  7. V. Préf. de la Ire éd., p. XL.