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CHAPITRE III

DEVOIR ET BIEN

On peut résumer en quelques lignes l’argumentation par laquelle nous avons été conduits à proclamer comme principe moral suprême le principe de l’utilité générale[1].

Le point de départ de cette argumentation est dans la détermination de la véritable nature du problème moral : or le problème moral se pose parce que nous sommes des êtres raisonnables, et que notre raison prétend diriger notre conduite ; le problème moral consiste à chercher un principe tel que, nous inspirant de ce principe dans tous nos actes, nous donnions satisfaction aux exigences de la raison.

Que demande donc la raison ? Elle demande, premièrement et essentiellement, que nous ne fassions rien que nous ne puissions justifier à ses yeux. Et la raison n’étant autre chose que l’épanouissement de la personne, que cette faculté, si l’on peut ainsi parler, par laquelle le moi se réalise pleinement et s’achève, l’approbation de la raison est acquise du premier coup — il y a même ici une sorte de proposition analytique

  1. Je prends ici pour accordé ce qui ne sera établi complètement que dans le chapitre suivant, à savoir que le principe utilitaire, qui représente, comme on a vu, une solution du problème moral, représente la seule solution possible de ce problème.