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Mais une chose est décider s’il y a entre la vie et la moralité un rapport de subordination, et quel est ce rapport, autre chose est constater — car il s’agit ici d’une simple constatation, de laquelle pour l’instant on ne tire aucune conséquence, et qu’on ne cherche pas à approfondir — que la moralité, que le besoin moral apparaît nécessairement avec les formes les plus hautes de la vie, que la vie n’est point parfaite là où il ne s’est pas montré.

Cependant, en même temps qu’il se révèle comme le besoin d’assurer la pleine possession du moi par lui-même, le besoin moral se révèle comme le besoin d’unifier la conduite. Et il convient de se demander lequel de ces deux caractères est antérieur à l’autre. Le besoin moral est-il essentiellement le besoin que nous éprouvons d’être nos maîtres, l’unification de la conduite apparaissant comme une condition à remplir pour que cette conduite puisse se justifier à nos yeux et que nous nous appartenions tout à fait à nous-mêmes ? ou bien à l’inverse cherchons-nous tout d’abord à déterminer un principe qui guide toute notre activité, et l’indépendance du moi, la justification de la conduite se trouve-t-elle réalisée par voie de conséquence, d’une manière accessoire ?

À cette question, c’est évidemment la première réponse qui doit être donnée. Recherche-t-on en effet lequel des deux caractères du besoin moral se manifeste tout d’abord dans la conscience ? on constatera sans peine que c’est cette réponse qui s’impose. Le besoin


    pour la moralité, se rencontre chez Höffding, Morale, 4, § 2 (trad. fr., Paris, Schleicher, 1903, p. 71).