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problème de la conduite ; on pourrait dire encore : c’est le problème de la justification de la conduite. L’objet de la morale, c’est de nous indiquer quels actes nous pourrons ou nous devrons accomplir, dans les divers moments de notre vie, pour avoir toujours notre propre approbation. L’homme moral est celui qui ne fait jamais rien qu’il ne puisse justifier à ses propres yeux.

Considérons en premier lieu un certain acte ; considérons-le en lui-même, abstraction faite des actes que nous pourrions accomplir en sa place, abstraction faite, encore, des conséquences qu’il entraînera. Nous voulons juger cet acte ? négligeant complètement la force intérieure plus ou moins puissante qui nous pousse à l’exécuter, attachant notre attention à l’acte seul, l’enveloppant de la lumière de la conscience, nous verrons si nous pouvons le regarder comme bon, s’il y a quelque chose en lui qui emporte notre adhésion. Et dans le cas de l’affirmative, comme l’acte a été isolé de tout, ce motif d’approbation se trouvera être un motif suprême : l’acte sera justifié, il sera moral.

Mais c’est faire une hypothèse irréelle que de prendre un acte séparément. Au vrai, un acte est une partie intégrante de cet ensemble d’actes qu’est la vie, ou, pour nous en tenir au domaine de la conscience, de cet ensemble plus restreint qu’est la conduite. Un acte entraîne nécessairement des conséquences ; avant d’être exécuté, il se présente à nous conjointement à d’autres actes qui comme lui nous apparaissent possibles, et avec lesquels il doit être mis en balance. S’agit-il de savoir si on exécutera un acte, ou si l’on s’en abstiendra ? c’est encore une alternative où nous sommes placés : s’abstenir, c’est toujours agir d’une certaine façon.