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même, conservent pour nous la même utilité, ou peu s’en faut, quelque quantité que nous en ayons.

On peut figurer par un graphique la façon dont l’utilité d’un bien varie quand la quantité en augmente. Si l’on représente les quantités successives que l’on acquiert sur l’axe des abscisses, et sur l’axe des ordonnées les utilités de ces quantités successives, on aura soit une ligne en échelons, soit une courbe.

On aura une ligne en échelons, de la forme que l’on voit dans la figure 1, ou d’une forme analogue, si le bien considéré n’existe que par unités indivisibles. Un individu, par exemple, et, qui a une exploitation agricole d’une certaine étendue retirera un grand avantage de la possession d’un cheval ; un deuxième, un troisième Fig. i. cheval lui seront très utiles encore, bien qu’un peu moins déjà ; un quatrième ne lui servirait plus de grand’chose ; un cinquième cheval, enfin, lui causerait plus d’ennui et de dépense qu’il ne lui procurerait d’utilité positive.

On aura une ligne courbe, au contraire, du genre de celle de la figure 2, quand il s’agira de biens indéfiniment divisibles, et pour lesquels les unités choisies sont toutes conventionnelles.

Supposons que l’on arrête à un certain point la ligne — nous la ferons toujours courbe désormais — qui représente la variation de l’utilité — le point en question, au reste, pourra correspondre soit à la quantité du bien considéré que nous possédons effectivement, soit à telle quantité que nous songeons à acquérir —. L’utilité de la dernière unité s’appellera l’utilité élémentaire, ou dernière, ou finale. ou limite, ou encore marginale. Ces diverses appellations ont été proposées. Celle d’utilité marginale, cependant, semble être la meilleure. L’expression « utilité élémentaire » [1] donnerait à croire que tous les éléments qui composent une quantité donnée d’un bien sont également utiles. Et pour ce qui est des expressions « utilité finale » [2], « utilité dernière », et même de l’expression « utilité-limite », que l’on trouve chez les économistes autrichiens, elles sont de nature à créer une confusion : elles font penser, plutôt qu’à ce qu’elles veulent désigner, à l’utilité des biens telle qu’elle

  1. Elle est employée par Pareto.
  2. Stanley Jevons parle du « degré final de l’utilité ».