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tant des sommes transmises par succession — en ne considérant que l’actif net des successions ayant laissé un tel actif — a été de 5.745 millions. Or il est facile de calculer avec une certaine précision l’intervalle moyen qui s’écoule entre deux transmissions d’un même bien par succession. Des 5.691 millions sur lesquels les droits successoraux ont été assis, 3.579 sont allés à des enfants des défunts, 376 à des neveux et nièces ou à des oncles ou tantes — la plus grande partie sans doute à des neveux ou nièces — ; or l’intervalle moyen qui sépare deux générations — l’âge moyen des parents à la naissance des enfants — est 31 ans 8 mois. D’autre part, 294 millions sont allés à des petits-enfants, 79 à des petits-neveux ou à des grands— oncles — la plus grande partie, sans doute, à des petits-neveux —, 68 à des ascendants, 929 à l’époux survivant, à des frères et sœurs, à des cousins germains — plus jeunes sans doute que les défunts de quelques années en moyenne —, 359 enfin à des parents plus éloignés ou à d’autres particuliers — plus jeunes sans doute à l’ordinaire que les défunts — (1). En tenant compte de tous ces chiffres, on se convaincra que l’intervalle que nous cherchons à déterminer est voisin de 30 ans, et plutôt inférieur. Le total des patrimoines serait donc égal en France à quelque 150 milliards. Mais il faut se rappeler ici que beaucoup de petits patrimoines se trans mettent héréditairement sans qu’il soit déclaré d’ouverture de succession, que dans les successions qui sont déclarées, beaucoup de biens certainement sont dissimulés, et que les autres sont comptés souvent pour une valeur inférieure à celle qu’ils ont réellement : si bien que le chiffre de 150 milliards doit être remplacé par un chiffre sensiblement plus élevé, vraisemblable ment par celui de 230 milliards. Ce dernier chiffre est d’ailleurs celui no— quel on arrive généralement quand, pour connaître la richesse de la France, on procède à l’inventaire détaillé des diverses catégories de biens que possèdent ses habitants.

Si l’on veut savoir comment la richesse de la France a varié dans If passé, on pourra, sans aller chercher autre chose, construire la courbe des sommes annuellement transmises par succession. Le montant des successions déclarées a été de 1.337 millions en 1826, 1.539 en 1836, 1.700 en 1846, 2.194 en 1856, 3.271 en 1866, 4.701 en 1876, 5.369 en 1886, 5.503 en 1896, 6.766 en 1900, 6.136 seulement en 1905 — par suite de l’élévation des droits successoraux, élévation qui a entraîné une augmentation de la fraude —, soit 5.745, passif déduit (2). La comparaison de ces chiffres, toutefois, ne donne pas une idée exacte de l’accroissement de la richesse de la France dans le xix6 siècle. Il faut prendre garde que dans le cours de ce siècle la valeur de la monnaie a diminué, que d’autre part le taux de l’intérêt a baissé — ce qui a fait monter la valeur des terres, des maisons, etc. (1) Cf. l’Annuaire statistique pour 1906, p. 226. (2) Ibid., pp. 77 « -78V