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suffisants pour les faire vivre, ou qui n’ont pas de revenus du tout : et c’est, sans aller chercher d’autre raison, parce qu’il y a entre la pauvreté proprement dite et la misère non pas simplement une différence de degré, mais une différence de nature, que celle-ci représente pour ceux qui y tombent des souffrances physiques et morales qui n’atteignent pas les pauvres.

Les causes du paupérisme — puisque c’est ce mot, par une bizarrerie de noire langue, qui exprime le fait social de la misère — sont multiples. On a procédé en Allemagne, en 1885, à une enquête qui a porté sur 1.592.380 personnes assistées. Cette enquête a révélé que. de ces personnes, 3,2 % étaient dans la misère à cause d’accidents arrivés soit à elles-mêmes, soit à ceux qui les nourrissaient, 17,5 % à cause de la mort de ceux qui les faisaient vivre, 28,4 °/0 pour cause de maladies, 12,3 % pour cause d’infirmités physiques ou mentales, 14,9 % à cause de leur âge, 7,1 % à cause de leur trop grand nombre d’enfants, 5,1 % à cause du chômage, 2,4 % à cause de leurs habitudes d’ivrognerie, 7,9 % pour des raisons diverses ou sans que l’on sût pourquoi. Le nombre des gens misérables est grand dans la plupart des pays. Les 1.592.386 personnes qui étaient assistées en Allemagne en 1885 représentaient 3,4 % de la population. En France.il y a eu en 1903 1.383.950 personnes secourues par les bureaux de bienfaisance, et 443.529 qui ont été reçues dans des dépôts de mendicité, des asiles, des crèches, etc. Il semble toutefois que le paupérisme tende à décroître. En Angleterre, le nombre des indigents secourus conformément à la loi des pauvres a été de 918.966 en moyenne dans les années 1871-75, de 791.707 dans les années 1881-85, de 787.144 dans les années 1891-95 : ces chiffres représentent respectivement 3,93, 2,96 et 2,65 °/0 de ce qu’était la population dans les périodes auxquelles ils se rapportent. 2. Les patrimoines. 418. Les patrimoines dans les différentes nations. — Pour les patrimoines comme pour les revenus, il convient tout d’abord de rassembler quelques données qui nous renseignent sur la richesse des différentes nations. Pour la France on peut se servir, si on veut savoir à combien se monte le total des patrimoines, delà statistique des successions. En 1905, le mon- (11 Sur le paupérisme, voir dans le Handworterbuch d. S., au t. 1, l’article Ar- menwesen, et principalement la section Armenstalistih, par Kollrnann. Voir encore Leroy-Beaulieu, Essai sur la répartition des richesses, chap. 15, et Philippovich, Grundriss, l" vol., § 134, 2« vol., 2° partie, §S 110-116.