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la répartition des richesses — nous feront connaître d’une part les résultats de celle distribution dont nous avons exposé la théorie, en même temps que l’un des facteurs par lesquels elle est déterminée ; et ils posent, d’autre part, un problème pratique extrêmement grave. Nous nous occuperons en premier lieu des revenus[1].

414. Les différentes sortes de revenus. — Quelle est l’importance relative des diverses sortes de revenus ? On comprendra aisément qu’il n’est point possible, là-dessus, de se renseigner d’une manière précise et sûre. On est obligé le plus souvent de recourir à des méthodes détournées, de procéder à des évaluations qui ne peuvent être que très approximatives, même si l’on renonce, comme ont fait la plupart des statisticiens qui ont porté leurs investigations de ce côté, à classer rigoureusement les revenus en rentes, intérêts, profits et salaires. En France, le total des revenus est estimé aujourd’hui à quelque 25 milliards. De ces 25 milliards, 7 seraient représentés par des revenus que leurs bénéficiaires tireraient sans travail de la possession de fonds ou de capitaux — soit 2, 1 milliards de revenus de propriétés non bâties, 2, 1 milliards de revenus de propriétés bâties, 2, 8 milliards de revenus de valeurs mobilières — ; 9, 5 représenteraient des revenus dus au seul travail — soit 2 milliards pour les salaires des ouvriers agricoles, 4 pour ceux des ouvriers de l’industrie et du commerce, 1 pour les traitements des employés des entreprises privées, 1 pour les gages des domestiques, 1, 5 pour les traitements des fonctionnaires et officiers et l’entretien des soldats — ; 8, 1 représenteraient des revenus mixtes — soit 4, 5 pour les revenus des entrepreneurs de culture, 3 pour ceux des patentés, 0, 6 pour ceux des autres travailleurs indépendants — ; il y aurait enfin 0, 4 milliard de pensions et rentes viagères.

En Prusse, les personnes ayant un revenu annuel de plus de 3.000 marks tiraient en 1892 891, 7 millions de marks de leurs « capitaux », 755, 4 de la terre, 982, 8 du commerce, de l’industrie et des mines, 593, 5 d’occupations rétribuées ; en 1905, ces chiffres deviennent respectivement 1.378, 9, 1.107, 9, 1.508, 4, 1.322, 6. En 1897, dans la ville de Remscheid, peuplée de 51.777 habitants.il y avait 10.631 chefs de famille et 9.896 individus vivant seuls. De ces 20.527 personnes, 12.595 avaient un revenu de moins de 900 marks, dû exclusivement au travail. Sur le reste, 5.560 personnes n’avaient pas de patrimoine déclaré, et tiraient par conséquent tout

  1. Consulter, pour les statistiques de la répartition, Colson, Cours d’économie politique, liv. III, chap. 3 et 4, et l’Appendice, Schmoller, Grundriss, §§ 177 et 184 (trad. tr., t. III), 230, 235, 236 (trad. fr., t. IV), Mayo-Smith, Statistics and économics, chap. 13, Philippovich, Grundriss, 1er vol., § 27, 6 et 131, et dans le Handwörterbuch d. S., au t. IV, l’article Einkommen, II, Statistik des Einhommens und der Einkommensverteilung, par Meyer.