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2° On peut classer les besoins d’après la nature du plaisir que nous nous procurons ou de la peine que nous nous épargnons quand nous les satisfaisons. Cette classification ne se confond pas avec la précédente. Du point de vue que nous indiquons maintenant, tous les besoins dits de nourriture, par exemple, constitueront une seule classe : car les plaisirs que nous goûtons à manger ne forment, en tant que tels, qu’une seule famille. C’est l’attrait du plaisir de manger — du moins à l’ordinaire — qui nous fait prendre l’alimentation indispensable ; et cet attrait ne change pas de nature quand, ayant pris le nécessaire, il nous fait prendre un supplément d’alimentation ; il ne change pas de nature, encore, quand il nous fait rechercher, de préférence à de certains mets, des mets qui sont plus fins et plus savoureux sans être plus nutritifs.

3° On peut enfin classer les besoins d’après les biens que ces besoins nous font rechercher.

De ces trois classifications, la première est la moins bonne. Cette classification, en effet, n’ayant de rapport ni aux états psychologiques conscients qui déterminent notre activité psychologique, ni aux choses sur lesquelles cette activité s’exerce ou aux actions qui la constituent, ne saurait être que de peu d’utilité pour l’économique. Et de plus elle serait très difficile à établir.

Entre les deux dernières classifications, il est permis d’hésiter. Celle qui s’attache à la nature du plaisir à obtenir ou de la peine à éviter tient compte davantage de la signification usuelle du mot besoin. L’autre classification, toutefois, a le grand avantage d’être fondée sur des considérations objectives, ce qui la rend plus aisée à établir. En fait, quand on veut classer les besoins, on recourt simultanément, à l’ordinaire, à l’un et à l’autre des différents principes que nous avons indiqués. Si l’on se préoccupe d’établir une classification commode et pratique, les principales catégories que l’on distinguera parmi nos besoins seront, par exemple, les suivantes[1] :

1° l’alimentation — c’est le premier de tous par la somme d’efforts qu’il nous demande pour être satisfait ; et c’est le seul peut-être qui ait toujours été vital dans le sens rigoureux du mot — ;

2° le logement ;

3° l’éclairage ;

4° le chauffage ;

5° l’ameublement ;

  1. Voir encore la classification d’Engel dans son travail Die Lebenskosten belgischer Arbeiterfamilien früher und jetzt (Bulletin de l’Institut international de statistique, t. IX, I, pp. 9-10).