Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/71

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

besoins seront considérés comme ordinaires qui sont liés à la condition humaine, à l’âge, au sexe, etc., ou tout au moins qui se manifestent d’une manière fréquente chez tous les hommes, ou chez les hommes d’une certaine catégorie. La démarcation, au reste, sera forcément quelque peu arbitraire.

7° Il y a des besoins qui sont continus, d’autres qui sont périodiques, d’autres enfin qui sont irréguliers. Cette division ne coïncide pas avec la précédente : un besoin ordinaire peut être senti d’une manière irrégulière ; un besoin extraordinaire peut être, pendant le temps qu’il est senti, continu ou périodique. On remarquera à ce propos qu’il y a continuité, périodicité ou irrégularité des besoins, soit par rapport à la durée entière de la vie, soit par rapport à une période plus ou moins longue. Le besoin de vêtements est senti d’une manière continue pendant toute la vie ; le besoin de nourriture est un besoin périodique dans le même sens ; le besoin de soins médicaux est un besoin irrégulier si l’on considère la vie entière : il est continu ou périodique par rapport au temps pendant lequel nous serons malades.

On notera, enfin, que les besoins peuvent être ordonnés selon leur plus ou moins grande spécificité. Rapportons-les aux biens qui servent à les satisfaire. Il existe, par exemple, un besoin d’aliments. Ce besoin est très indéterminé : car il y a bien des sortes d’aliments. Ou pourra donc parler d’un besoin de viande, d’un besoin de légumes, etc. Ce n’est pas tout : il y a plusieurs sortes de viandes comestibles et de légumes ; on parlera donc d’un besoin de viande de bœuf ou d’un besoin de haricots. Il y aura même des besoins qui nous feront désirer des biens singuliers. Le besoin de pain restera toujours un besoin général : car s’il est des variétés de pains, il arrive un moment ici, quand on procède à une spécification progressive, où l’on ne peut plus distinguer entre les biens qui s’offrent à nous : il est possible de réunir des pains entre lesquels nous ne saurions établir de différence. Mais ailleurs il en va autrement : celui qui aime la peinture distinguera, non seulement entre les tableaux d’une certaine école et ceux d’une autre école, mais entre ceux d’un peintre et ceux d’un autre peintre ; et parmi les tableaux d’un même peintre, chacun suscitera en lui un désir particulier.

28. Classification des besoins. — Comment convient-il de classer les besoins ? Et tout d’abord, quel principe choisira-t-on pour la classification des besoins ? Cette question peut être résolue en plusieurs manières.

1° On peut classer les besoins par rapport aux effets d’ordre objectif qui résultent pour nous du fait d’y donner satisfaction. Nous aurions ainsi, par exemple, un besoin de réparer nos forces, ou notre substance, un besoin de les accroître, etc.