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tous les compléments qui deviennent nécessaires du fait que les hommes vivent en société.

Cette façon de partager l’économique, que l’on trouve par exemple dans les Principii di scienza economica de Valenti[1], a quelque chose à coup sûr de séduisant, en ce qu’elle nous fait passer du simple au composé ; et elle a le mérite de mettre en lumière ce fait, souvent méconnu, qu’il y a une économie — une économique par conséquent — de l’individu isolé, que l’économique n’est pas uniquement une branche de la sociologie. Ses avantages, toutefois, se bornent là. Et d’autre part, elle nous amène à couper d’une manière.un peu artificielle l’étude de certaines questions qui appartiennent à l’économique, ou qu’on est obligé d’examiner dans les ouvrages d’ensemble sur l’économique. Elle nous conduit, par exemple, à mettre dans une partie la théorie des différents facteurs de la production, celle des rendements croissants et décroissants, etc., et à renvoyer dans l’autre partie la théorie de la division du travail.

4° Un quatrième plan a été proposé par Effertz[2]. Il consiste à étudier d’abord les intérêts économiques — par exemple, l’intérêt de l’individu et celui de la société —, puis les conflits des intérêts — par exemple, les conflits des intérêts individuels entre eux, et ceux de ces intérêts individuels avec l’intérêt social —, puis enfin les moyens par lesquels on peut empêcher les intérêts jugés inférieurs de léser les intérêts jugés supérieurs.

Ce plan a le mérite d’être très systématique. Et d’autre part, il attire l’attention sur des questions, théoriquement et pratiquement très importantes, qui sont trop souvent négligées. Mais il offre l’inconvénient — sérieux surtout pour un ouvrage du genre de celui-ci — de s’écarter trop des plans ordinairement adoptés par les économistes. Et il présente encore de certains autres inconvénients au point de vue didactique, entre autres celui de diviser l’économique en trois parties disproportionnées : c’est ainsi que la première des parties qu’Effertz distingue embrasse tout ce que l’on a coutume de regarder comme constituant le domaine de la science économique, et autre chose encore.

5° Nous arrivons ainsi au plan classique des économistes français et anglais. Il distingue dans l’économique quatre parties, qui traitent successivement de la production, de la circulation, de la distribution et de la consommation des richesses. On peut négliger certaines variantes qui sont de relativement peu d’importance, celle par exemple qui consiste à faire précéder les quatre parties traditionnelles d’une sorte d’introduction où l’on définit les concepts essentiels de l’économique, ou encore celle qui consiste à unir l’étude de la circulation et celle de la distribution.

  1. Florence, Barbèra, 1906.
  2. Dans ses Antagonismes économiques.