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de ces notions dont on examine les rapports, de l’étendue des applications que comportent les lois découvertes et de l’approximation plus ou moins grande avec laquelle elles correspondent à la réalité.

La séparation, de même, de l’histoire et de la science d’une part, et de l’art de l’autre, de l’économique théorique et de l’économique pratique, cette séparation, encore qu’elle soit fondée en raison, il ne semble pas qu’il y ait lieu de l’instituer quand on se propose — comme c’est le cas ici — de toucher à la fois aux questions théoriques et aux questions pratiques. Dans ce cas, on ne saurait mettre la théorie d’un côté et la pratique de l’autre sans se condamner à des répétitions fastidieuses. Ainsi il appartient à la théorie économique d’étudier les effets du monométallisme et du bimétallisme. Faudra-t-il, après avoir traité cette question d’un point de vue spéculatif en un certain endroit, se demander ailleurs s’il vaut mieux pour un pays avoir un régime monétaire monométalliste ou bimétalliste ?

2o Une autre division de l’économique est celle qui distingue dans l’économique une partie générale et une partie spéciale. En Allemagne, où cette division est adoptée par un certain nombre d’auteurs, on la confond souvent avec la précédente. Mais c’est à tort : car il y a des vérités théoriques de très peu de généralité, et il y a des préceptes pratiques, d’autre part, qui comportent une application extrêmement étendue.

Distincte de la division dont nous nous sommes occupés en premier lieu, cette division nouvelle n’est pas meilleure que celle-là, au contraire. Elle offre le même inconvénient de condamner les auteurs à de fâcheuses répétitions : pourra-t-on en effet traiter les questions « spéciales » sans revenir à chaque instant sur les questions « générales » auxquelles elles se rattachent ? Et de plus la démarcation entre les questions générales et les questions spéciales, à la différence de la démarcation entre les questions théoriques et les questions pratiques, est tout à fait arbitraire.

3o Il y a une division que l’on peut établir entre l’économique de l'individu et l’économique de la collectivité. Cette division peut être entendue en deux manières.

On peut entendre par économique de l’individu l’économique en tant que ses préoccupations se portent du côté de l’individu, qu’elle se place au point de vue de celui-ci. L’économique de la collectivité, au contraire, se placerait au point de vue de la collectivité. Mais cette opposition n’a d’importance, elle n’apparaît même qu’à propos de certains problèmes — par exemple, le problème de la détermination de l’intérêt économique —.

On peut entendre la même division d’une autre manière. Dans une première partie, l’économique établirait toutes ces vérités qui subsistent même si l’on suppose un individu isolé. Puis, dans une deuxième partie, l’économique apporterait aux vérités ainsi obtenues toutes les rectifications et