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géométrique n’est pas toujours facile à mettre dans des livres : car il y a des relations quantitatives des phénomènes économiques qui exigent, pour être représentées, l’emploi de la troisième dimension. Lorsqu’on peut se contenter de deux dimensions, toutefois, la figuration géométrique est précieuse. Elle a le mérite de ne pas exiger du lecteur une connaissance de l’algèbre et du calcul des fonctions qui n’est pas très répandue. Et pour tout le monde, la figuration géométrique a cette supériorité de manifester les relations des phénomènes d’une manière plus frappante : dans la géométrie, pour parler comme Descartes, l’imagination vient au secours de l’entendement.

2o Mais il y a un autre usage des figures géométriques dans l’économique. On peut représenter géométriquement une succession de faits de même nature, considérés sous le rapport de la quantité. On représentera par une ligne, par exemple, les chiffres successifs des exportations d’un pays dans les années comprises entre telle et telle date. Ce mode de figuration fait ressortir les variations de la grandeur considérée beaucoup mieux qu’une série arithmétique. Et quand il s’agira de rechercher les causes des variations notées, la comparaison du tracé en question[1] avec d’autres tracés sera beaucoup plus suggestive que ne sauraient l’être les comparaisons instituées entre des séries arithmétiques ; cela surtout si les variations étudiées sont relativement peu importantes : car les variations de peu d’ampleur peuvent être accusées immédiatement, dans les tracés, par l’adoption d’une échelle appropriée.

Indiquons, entre les deux sortes de figures qui viennent d’être distinguées, une différence importante. Les figures de la première espèce sont des représentations particulières, des illustrations, des schèmes de ce que l’algèbre exprime d’une manière générale : ces schèmes, comme tous les schèmes, ont quelque chose d’arbitraire. Les figures de la deuxième espèce, au contraire, représentent des collections de faits particuliers, destinées à servir de base à des recherches inductives ; et la qualité qu’on y requiert, dans ces conditions, est une exactitude rigoureuse.

23. Conclusion. — Nous avons terminé notre étude des divers procédés qui composent la méthode de l’économique, ou, comme l’on peut dire encore, des diverses méthodes de l’économique. Il y a en effet ici une multiplicité de procédés dont chacun offre ses avantages, ses inconvénients et ses dangers. Ces procédés devront être employés tour à tour par l’économique, ou même simultanément. C’est la nature des questions étudiées qui décidera tout d’abord si l’on recourra de préférence à l’un ou à l’autre, si l’on se servira de l’un plus que de l’autre. Mais c’est aussi — la chose est claire — l’aptitude plus ou moins grande de l’économiste à employer avec

  1. On dit encore diagramme, graphique, ou courbe.