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de vue théorique, incontestablement, est celle qui se fonde sur la considé ration de l’origine des revenus, celle qui distingue, comme l’on dit encore, les divers titres de revenus.

La classification des revenus par titres, la définition des différents titres de revenus présentent de grandes difficultés. Ces difficultés proviennent en partie de la complexité et de l’implication des phénomènes qu’il s’agit de dissocier et d’ordonner ; mais elles tiennent aussi à la nécessité où l’on est d’employer des termes auxquels l’usage courant d’une part, les auteurs de l’autre ont donné des significations multiples et point toujours nettement arrêtées.

Les économistes s’accordent pour reconnaître quatre titres de revenus : le salaire, l'intérêt, la rente et le profil. Il importe de reviser les définitions qui ont été données de ces quatre sortes de revenus, pour préciser ces définitions ou pour les corriger. Nous commencerons par la rente.

335. Comment on définit la rente. — Dans le langage courant, on entend par le mot rente un revenu durable que son bénéficiaire perçoit régulièrement, et qu’il perçoit sans avoir besoin de le gagner par un travail ou un effort quelconque. Le propriétaire foncier, par exemple, qui a affermé ses terres touche une rente de ses fermiers ; celui qui possède une maison de rapport et à qui ses locataires payent un loyer jouit aussi d’une rente ; de même pour celui qui a acheté des titres et qui encaisse tous les trois mois le montant de ses coupons ; de même pour le fonctionnaire retraité à qui l’Étal sert une pension.

Parcourons maintenant la littérature économique. En fait de rente, c’est surtout la rente foncière, — et plus particulièrement encore la rente qu’on peut appeler agricole — que les économistes ont étudiée. C’est à ses caractères surtout qu’ils se sont attachés pour établir leur définition de la rente en général. Il convient de procéder comme eux. Nous passerons donc en revue les caractères que l’on a trouvés à la rente foncière ; laissant de côté ceux qu’elle ne présente pas toujours, nous retiendrons seulement les autres, ceux qui la constituent essentiellement ; après quoi nous n’aurons plus qu’à étendre le concept ainsi obtenu à tous les autres revenus aux quels il s’applique.

Il y a d’abord, parmi les caractères qui ont été attribués à la rente foncière, des caractères qui ne sont pas nécessairement inhérents à celle-ci.

1° On veut souvent que la rente foncière soit relativement constante. En réalité, non seulement elle est sujette à des fluctuations, mais ses variations peuvent être très fortes comme aussi très rapides : les exemples ne sont pas rares dans l’histoire de (erres qui après avoir rapporté beaucoup à leurs propriétaires n’ont plus donné que des rentes très basses, parce que les cultures qu’on y faisait, par suite de telles découvertes techniques,