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moyens productifs dans le produit : mais n’avons-nous pas dû, en définitive, estimer ce que produisent les moyens productifs qu’on pourrait substituer à ceux-là ? et comme ces nouveaux moyens productifs sont employés sans doute dans des combinaisons, n’avons-nous pas fait pour eux ce qui nous était apparu impossible pour ceux-là ? L’objection, cependant, ne porte pas. Chaque ouvrier qui est occupé dans une exploitation, avons-nous dit, doit être regardé comme, produisant ce qu’ajoute au pro duit auquel il travaille l’ouvrier que son employeur a le moins d’avantage à conserver ; le capital employé dans celle même exploitation, semblablement, doit être regardé comme produisant ce qu’ajoute au produit qu’il concourt à créer ce capital égal qui est le moins lucratif pour celui qui le met en œuvre. Ce qui permet de parler ainsi d’un ouvrier marginal, d’un capital marginal, c’est que les combinaisons des différents facteurs de la production sont extrêmement variées, et qu’ainsi le retrait d’un travailleur n’est pas nécessairement accompagné de la mise hors d’usage d’une certaine quantité de capital, ou inversement : par là l’objection de tantôt est levée.

Est-il besoin de faire remarquer, maintenant, que dans l’exposé qui pré cède nous avons négligé des complications possibles ? En voici une, par exemple, que l’on peut concevoir. Le produit d’un complexus productif étant de 12, il peut se faire qu’il ne soit pas indifférent de remplacer l’ouvrier qui concourt à créer ce produit par un autre ouvrier, qu’avec un autre ouvrier on n’obtienne plus qu’un produit égal à 11. Dans ce cas, si la part contributive du capital peut être estimée à 3, une marge d’indétermination subsistera pour celle de la main-d’œuvre entre 4 et 5, et de même pour la part contributive de la terre. Mais il nous sera permis de négliger des cas pareils.

II — Les divers titres de revenus[1]

1. Définition de la rente.

334. Classification des revenus. — Les revenus des individus peuvent être classés en diverses manières. On distingue par exemple, si on s’attache à la façon dont ils sont perçus, les revenus en nature et les revenus en argent, si on s’attache à la durée pendant laquelle ils seront perçus, les revenus perpétuels, les revenus viagers et les revenus temporaires. Mais de toutes les classifications qu’on peut établir ici, la plus importante au point

  1. Consulter Carver, Distribution of wealth, chap. 3, et Landry, L’intérêt du capital, § 16 et chap. 4.