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3° Dans le revenu entreront seulement ces biens que l’on a acquis par des échanges ou directement par son activité productrice.

On laissera de côté, en premier lieu, ces recettes qui proviennent de dons, de legs, etc. Et les gains que l’on fait dans les loteries seront assimilés aux dons ou aux legs : car si celui qui gagne un lot à une loterie a dû, pour cela, acheter un billet, cependant son gain n’est point à ses yeux le résultat nécessaire ou du moins normal de cet achat ; et il n’y a guère d’intérêt pour les théories de la distribution à s’occuper de gains de ce genre, en deuxième lieu, on laissera de côté ces recettes qui ont leur source dans des obligations unilatérales de ceux qui les fournissent. Ces recettes, au reste, ne bénéficient guère aujourd’hui qu’à certaines personnes morales : qu’on pense par exemple aux recettes que l’État ou les communes doivent aux impôts.

Le revenu est composé des biens que l’on acquiert par l’échange, ou directement par le travail producteur. Pour l’estimer, toutefois, on déduira de la valeur de ces biens ce qu’il en a coûté pour les obtenir : et l’on tiendra compte ici, en même temps que des frais de production au sens le plus étroit de l’expression, de l’amortissement du capital employé — point de l’intérêt, du moins quand le capital appartient à la personne qui l’emploie —, et des primes d’assurance que l’on a dû verser, ou qu’on aurait dû verser pour ce capital ou pour les produits.

4° On laisse parfois en dehors du revenu ces rentrées qui ne présentent pas un certain caractère de durée et de régularité. Mais celte exclusion ne paraît pas justifiée. Soit un individu qui n’a point coutume de travailler, et qui s’avise à un moment donné d’entreprendre telle ou telle besogne rémunérée : on ne voit pas pourquoi la rémunération qu’il louchera n’entrerait pas dans son revenu. De même, si par suite de telle circonstance exceptionnelle le propriétaire ou le locataire d’une maison se trouve en situation, un jour, de louer des places à ses fenêtres et de réaliser parla une recette, cette recette devra entrer dans son revenu.

Indiquons, pour terminer, que la définition du concept du revenu ne présente, par rapport à la théorie de la distribution, qu’assez peu d’intérêt. Ce qui importe ici, c’est de déterminer, si possible, des lois concernant telles ou telles sortes de recettes qui peuvent entrer dans le revenu des individus[1].

  1. On se sert souvent du mot « revenu » dans un sens autre que celui que nous avons tâché de définir : on désigne, ainsi, par le nom de revenus ces recettes qui composent le revenu — entendu dans le sens qu’on a vu —. Nous ne nous ferons pas faute d’employer nous-même le mot « revenu » de cette deuxième manière.