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gagements sont à longue échéance. L’individu qui s’est obligé à payer annuellement une rente fixe, si la valeur de la monnaie va baissant, aura de plus en plus de facilité pour s’acquitter. Un État qui a une dette perpétuelle verra, par l’effet de la baisse de la valeur de la monnaie, sa charge diminuer progressivement.

En regard de ces catégories qui seront avantagées, d’autres, en revanche, recevront un dommage. Ces gens recevront un dommage qui se trouvent à l’écart des grands courants économiques. Il en ira de même pour tous ceux qui ont des créances à recouvrer, principalement des créances à long terme, et pour ceux qui ont des revenus fixes. Les détenteurs des litres de rente des États se trouveront ainsi lésés. Les fonctionnaires léseront aussi, surtout s’ils ne savent pas faire en sorte d’obtenir de temps en temps des augmentations de traitement. Et les ouvriers pareillement auront à souffrir de la baisse de la valeur de l’argent : car leurs salaires ont une certaine fixité, ils ne subissent pas aussi facilement que les marchandises proprement dites l’effet des changements qui ont lieu dans les conditions du marché ; les ouvriers, au reste, souffriront plus ou moins de la hausse des prix, selon que leur organisation plus ou moins solide leur donnera plus ou moins de force dans la discussion de leurs salaires avec les employeurs.

Au total, il semble que les conséquences de lu baisse de la valeur de la monnaie soient plus heureuses que fâcheuses. Notamment, il y a lieu de tenir pour heureuse la libération progressive des débiteurs — États ou particuliers — qui résulte de cette baisse : car elle augmente la liberté d’action de ces débiteurs, cependant que d’autre part elle tend à diminuer le nombre des oisifs.

Que si, maintenant, on considérait le cas d’une hausse de la valeur de la monnaie, on aurait des conséquences inverses des précédentes ; et l’appréciation à laquelle on aboutirait serait également inverse de celle qu’on vient de voir.

328. De la stabilisation de la valeur de la monnaie. — Comme les conséquences des variations de la valeur de la monnaie peuvent être regrettables — pour certains auteurs, même, elles le sont toujours — , on s’est préoccupé de rechercher les moyens par lesquels on pourrait soit empêcher ces variations d’avoir lieu, soit en diminuer l’amplitude, soit encore remédier aux conséquences qu’elles ont.

Nous savons que les partisans du bimétallisme ont invoqué souvent, en faveur de celui-ci, cet argument qu’avec le régime bimétalliste les fluctuations de la valeur de la monnaie étaient moins sensibles qu’avec le monométallisme ; nous avons discuté cette affirmation, et reconnu que pour être vraie souvent, cependant elle ne l’était pas toujours.

A-t-on, avec la monnaie de papier, des facilités spéciales pour résoudre