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rable. Mais il importe qu’on se garde avec soin de certaines exagérations et de certaines confusions où l’ « étatisme » risque de nous entraîner. Les lois ne déterminent pas directement la valeur de la monnaie ; elles ne sauraient décider la proportion selon laquelle les monnaies s’échangeront contre chaque marchandise[1]. Si elles influent sur la valeur de la monnaie, ce n’est jamais que d’une manière indirecte, par l’intermédiaire de ces facteurs que nous avons étudiés : en augmentant la quantité de la monnaie, etc. Et de ce que leur influence est seulement indirecte, il résulte qu’elle peut ne pas être la seule à agir — et effectivement elle n’est pas la seule - ; mais surtout il apparaît évidemment qu’il ne suffit pas d’affirmer cette influence pour expliquer véritablement comment la valeur de la monnaie se détermine. .

5. Les données expérimentales (2).

321. Intérêt qu’il y a à consulter ces données. — Nous avons développé notre théorie de la valeur de la monnaie en prenant comme pré misses des faits élémentaires, ou d’observation courante, et en tirant de ces faits des déductions ; et nous n’avons eu recours à aucun moment, pour la construire, aux statistiques. Par l’emploi de la méthode dont nous nous sommes servi, on peut arriver à établir une théorie de la valeur de la monnaie qui se suffise à elle-même. Il y a même plus : ce n’est guère que par cette méthode qu’on peut résoudre d’une manière certaine le problème qui vient de nous occuper ; et ce n’est que par elle qu’on peut rendre intelligibles les phénomènes à propos desquels il se pose. Imaginons que pour l’élucider on veuille employer seulement l’induction, et spécialement cette induction qui se fonde sur les statistiques. On croira peut-être découvrir des lois. Mais ces lois ne seront pas sûres, parce qu’on courra le risque de voir des connexions causales là où n’y aura eu que des successions fortuites. Et elles ne seront pas vraiment explicatives, parce que, découvertes par l’étude de phénomènes complexes, elles ne nous montreront pas le mé


Les principales de ces données ont été réunies par Soetbeer dans son ouvraye classique, Materialen zur Erliiuterung der Edclmetallverlifiltnisse (trad. fr.. Maté riaux pour faciliter l’intelligence des rapports économiques des métaux précievs, Paris, Berger-Levrault, 1889). Pour les années les plus récentes, il convient de con sulter les Rapports de l’administration française des monnaies et médailles au mi nistre des finances et les Rapports du directeur de la Monnaie des Ktats-Unis. Voir encore Aupetit, Essai sur la théorie générale de la monnaie, Paris, Guillaumin, 1901, 2e partie, chap. 2-3, et Dolleans, La monnaie et les prix (dans les Questions monétaires contemporaines).

  1. Ceci est reconnu par Knapp, que nous avons cité comme !e représentant le plus distingué de la théorie étatiste de la monnaie.