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exceptionnel — . Pour la monnaie, au contraire, le coût de production dépend d’une manière très étroite de la valeur qu’a la monnaie en circulation : que celle-ci vienne à doubler, et les frais de production de l’or doubleront aussi, ou peu s’en faut ; car la valeur de l’or ayant doublé, toutes ces dépenses qui sont nécessaires pour produire l’or seront devenues à peu de chose près deux fois plus chères.

De ce qui précède, on peut tirer cette conclusion que les frais de production de la monnaie ne sont pas sans influer sur la valeur de celle-ci. Une certaine quantité de monnaie étant en circulation et la monnaie ayant, en conséquence, une certaine valeur, ce sont les frais d’exploitation des mines qui régleront la quantité de monnaie qui pourra être produite ; et réglant l’accroissement du stock monétaire qui pourra avoir lieu, ils détermineront d’une certaine manière les variations de la valeur de la monnaie. Leur influence, toutefois, sur cette valeur n’a jamais été que très faible — cela, du moins, si l’on se place à des moments donnés du temps ; car si l’on envisage toute la succession de ces moments, on pourrait dire en un certain sens, considérant que les coûts de production successifs de la monnaie ont contribué à déterminer les accroissements successifs du stock monétaire, que le coût de production de la monnaie a contribué à déterminer l’importance de ce stock — . Même dans les périodes où la production des métaux précieux a été, relativement, le plus abondante, on n’a jamais vu la production d’une année, par exemple, accroître le stock existant dans une proportion sensible[1]. Et plus l’on va, plus l’influence des frais de production devient faible. Cela tient à deux raisons.

1° La première raison, c’est que le stock monétaire s’accroissant sans cesse, depuis le XVIe siècle tout au moins, les afflux égaux qu’il reçoit successivement ont, relativement, de moins en moins d’importance.

2° La seconde raison est que par suite de cette solidarité entre la valeur de la monnaie et son coût de production dont nous avons parlé tantôt, le stock monétaire augmentant sans cesse, le coût de production de la monnaie devient, relativement, de plus en plus élevé. Imaginons que pour extraire 1.000 francs d’or d’une mine il faille en dépenser 400. Que le stock monétaire vienne à doubler ; le pouvoir d’achat de la monnaie en sera affaibli, en sorte qu’il faudra payer 800 francs environ, pour cette même exploitation qui précédemment n’en coûtait que 400 ; on n’aura que 200 francs de bénéfice, au lieu de 000, et ces 200 francs ne représenteront pas le tiers des 000 francs, mais moitié moins environ, puisque par hypothèse la valeur de l’argent aura baissé à peu près de moitié.

318. La double fonction des métaux. — Restons dans l’hypothèse

  1. La production des métaux, qui est actuellement très abondante, n’augmente guère le stock existant que de 2 % environ par an (v. Schmoller, Grundriss, § 182 ; trad. fr., t. III, p. 375).