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de celle-ci ? Si oui, comment cette influence s’exerce-t-elle ? et quelle importance convient-il de lui assigner ? Pour nous mettre en mesure de répondre là-dessus, il ne sera pas inutile de revenir un peu sur la question, que nous avons examinée déjà, de l’influence des frais de production sur le prix des marchandises.

On dit souvent que le coût de production gouverne ou règle les prix. Celle formule est vraie, nous l’avons vu, mais à condition qu’on l’entende bien. Considérons en premier lieu des biens qui soient tels que la consommation les détruise du premier coup. Ces biens — normalement — se vendront à ce prix auquel les frais de production seront couverts même pour l’unité qui aura coûté le plus à produire. Toutefois, quand on dit cela, on ne dit pas quelle quantité sera produite, et l’on ne détermine le prix — sauf le cas où les frais de production sont constants — complètement ; le prix, en réalité, est déterminé, en même temps que par la courbe des frais de production, par la courbe de la demande.

Mais considérons, maintenant, des biens d’usage, c’est-à-dire des biens que la consommation ne détruise pas instantanément ; et supposons que ces biens fassent l’objet de transactions suivies pendant toute la durée de leur existence : telles sont, par exemple, les maisons de rapport. Dans un moment donné, il existera de nos biens une certaine quantité ; et par là ils prendront une certaine valeur a, laquelle ne dépendra en rien de ce qu’ils auront coûté à créer. Soit cependant b, b, b etc. les sommes qu’il en coûterait pour créer des biens semblables. Si b est supérieur à a, il n’en sera pas créé du tout. Si a est supérieur à b, il en sera créé ; et il en sera créé un nombre tel, que pour la dernière unité le coût de production et la valeur d’usage soient égaux. Dans ce dernier cas, on pourra dire encore que c’est le coût de production qui gouverne le prix. Mais ici comme tantôt, le coût de production n’est qu’un des facteurs par lesquels le prix est déterminé. Et de plus l’importance de ce coût est ici, peut-on dire, bien moindre que tantôt : car la demande se trouvant satisfaite dans une grande mesure, avant toute production, par le stock de biens existant, la courbe du coût de production rencontrera la courbe de la demande bien plus lut, et la forme de cette courbe aura beaucoup moins d’influence sur le prix.

La monnaie, sous le rapport qui nous occupe, peut être assimilée jusqu’à un certain point à ces biens d’usage dont nous venons de parler : car les pièces d’or sont des biens d’usage ; elles ont même une durée plus longue que celle de la plupart des autres biens d’usage. Il y a seulement une différence à noter entre les biens d’usage ordinaires et la monnaie. Pour ceux-là, le coût de production est indépendant, le plus souvent tout au moins, du prix déjà établi — dans le cas des maisons de rapport, cette partie du coût de production qui est constituée par le prix du terrain dépend de la valeur que la maison, construite, pourra prendre ; mais ce cas est