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2. Comment la valeur de la monnaie se détermine. La quantité de monnaie comme facteur de celle valeur.

312. La théorie quantitative et ses adversaires. — Comment la valeur de la monnaie se détermine-t-elle ? La théorie lapins simple qui ait été émise sur cette question, et celle qu’on peut appeler, entre toutes, la théorie classique, est la théorie dite quantitative[1]. Sous sa forme la plus grossière, cette théorie affirme que la valeur de la monnaie varie en raison inverse de la quantité de monnaie en circulation. Mais il existe de la théorie quantitative une l’orme plus perfectionnée, qui admet que la valeur de la monnaie dépende, eu même temps que de la quantité de celle-ci, d’autres facteurs encore, et qui se contente d’affirmer que toutes choses égales d’ailleurs, la valeur de la monnaie varie en raison inverse de la quantité qui en circule.

La théorie quantitative a été l’objet d’attaques très vives[2] ; et l’on résume souvent les reproches qu’on lui adresse dans cette formule, qu’elle assimile complètement — et à tort la monnaie, sous le rapport de la manière dont sa valeur se détermine, aux marchandises. Cette formule n’est pas tout à fait exacte. Les partisans de la théorie quantitative ont presque toujours eu la notion — plus ou moins claire a la vérité — que la monnaie n’était pas une marchandise, ou, si l’on veut s’exprimer ainsi, qu’elle n’était pas une marchandise comme les autres. La preuve en est précisément dans ce rapport rigoureux qu’ils ont établi entre la quantité de la monnaie et sa valeur. S’ils ont dit que, la quantité de monnaie doublant, l’unité de monnaie devait acheter deux fois moins de marchandises, ce n’est pas, sauf exception, qu’ils crussent que d’une façon tout à fait générale la valeur des biens devait varier en raison inverse de leur quantité : c’est qu’ils savaient que la monnaie remplit, dans l’économie, une fonction spéciale, et qu’ils voyaient, plus ou moins nettement, qu’elle ne se comporte pas comme les autres biens.

La critique que nous avons rapportée, néanmoins, reste fondée dans une grande mesure. Les partisans de la théorie quantitative, souvent, n’ont pas distingué assez bien la monnaie des autres biens, ils n’ont pas vu certaines différences essentielles qui existent entre celle-là et ceux-ci. En particulier, ils ont eu le tort grave d’admettre dans leurs raisonnements — soit explicitement, soit implicitement — l’idée d’une demande et d’une

  1. Voir par exemple Nogaro, Contribution à une théorie réaliste de la monnaie, II (Revue d’économie politique, 1906).
  2. Sur l’histoire de la théorie quantitative, lire Laughlin, Principles of money, chap. 7.