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une année et dans l’année suivante ? On donnera de la variation de cette valeur une idée qui sera bien près d’être parfaitement exacte si l’on dit que le prix du blé était 20 francs l’hectolitre la première année, et 22 fr. la deuxième ; en d’autres termes, la quantité moyenne des autres marchandises contre laquelle l’hectolitre de blé pourra s’échanger aura varié selon une proportion très voisine de la proportion 20 à 22 : et cela parce que la valeur de la monnaie — pour des raisons qui apparaîtront plus tard — ne saurait varier que lentement. Mais si nous voulons comparer la valeur du blé à deux dates quelque peu éloignées, les prix correspondants à ces deux dates ne nous renseigneront, par eux-mêmes, que très imparfaitement.

Prenons maintenant la monnaie. Pour en connaître la valeur avec une exactitude suffisante, pour étudier les variations de cette valeur, pourra-t-on se contenter de noter le rapport d’échange de la monnaie à telle ou telle marchandise ? Certains vieux économistes l’ont cru. Ils ont proposé, par exemple, de regarder le traçait humain comme un étalon constant des valeurs : ainsi, là où l’on constaterait que le prix de la main-d’œuvre a doublé, on pourrait dire que la valeur de la monnaie a baissé de moitié. Mais il est trop clair que le prix « réel » de la main-d’œuvre, comme on l’appelle, est sujet à varier dans l’espace et dans le temps, qu’avec leurs salaires les ouvriers, selon les pays et selon les époques, sont en mesure d’acheter tantôt plus, tantôt moins de biens. On a proposé également de prendre le prix du blé pour indice des variations du coût de la vie, en faisant remarquer que d’âge en âge, dans nos pays, le blé a toujours joué le même rôle dans l’alimentation, et que son coût de revient, s’il peut varier beaucoup d’une année à l’autre selon le hasard des bonnes et des mauvaises récoltes, a cependant une grande stabilité quand on compare des périodes successives d’un certain nombre d’années. Mais quand même ces deux propositions seraient vraies — et elles sont assez loin de l’être — , elles ne prouveraient pas le moins du monde que l’hectolitre de blé vaille aujourd’hui ce qu’il valait jadis, autrement dit qu’il s’échange — à faire une moyenne — contre les mêmes quantités des autres marchandises.

On a renoncé depuis longtemps à prendre pour indice des variations dé la valeur de la monnaie le prix d’une marchandise unique. On se sert, comme indice de ces variations, de nombres qui représentent des moyennes entre les prix des différentes marchandises. Veut-on savoir, par exemple, si la valeur de la monnaie a changé entre 1850 et 1900, dans quel sens et dans quelle mesure elle a changé ? On exprimera par le nombre 100 les prix en 1850 des différentes marchandises ; les prix des marchandises en 1850 étant ramenés à 100, les prix de ces mêmes marchandises en 1900 seront exprimés, selon qu’il y aura eu hausse ou baisse, par 120, 150, 70, 35, etc. Et la moyenne de ces derniers nombres constituera le nombre-in