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bout d’un certain temps. Imaginons qu’on se mette à planter une région en vigne, ou en oliviers. La vigne, l’olivier ne donnent leur fruit qu’après un certain nombre d’années. El ainsi, après que cette limite aura été atteinte au delà de laquelle il ne conviendrait pas d’aller, pendant un certain nombre d’années encore on pourra continuer à planter.

2° Sans que des entreprises nouvelles se fondent, la production peut être augmentée par l’adoption, dans les entreprises existantes, de procédés nouveaux. On sait que dans quantité d’industries la productivité s’est accrue prodigieusement au cours du XIXe siècle, et ne cesse de s’accroître. C’est par là que l’on arrive, dans beaucoup d’entre elles, à la surproduction.

3° Il y a lieu de faire une grande place, dans l’explication des crises, à certains phénomènes de psychologie collective. Quand les affaires sont actives, les prix s’élèvent, et l’on en vient facilement à croire, non seulement qu’ils se maintiendront, mais qu’ils continueront à monter. El ce n’est pas là uniquement une question de réflexion individuelle : la confiance, l’audace sont communicatives. Ainsi l’esprit d’entreprise et de spéculation, à de certains moments, s’empare des plus prudents et des plus timorés. L’histoire des Bourses offre plus d’un exemple d’emballements du public qui ont abouti à des krachs : c’est la même chose que l’on retrouve dans les crises commerciales.

Les considérations qui précèdent font comprendre cette régularité à peu près parfaite que l’on a constatée, pendant un demi-siècle environ, dans la succession des grandes crises. Ces crises étaient comme des accidents périodiques, et d’une certaine façon nécessaires, de la vie économique. De puis une trentaine d’années cependant, les grandes crises ne se succèdent pas d’une manière aussi régulière. Cela est dû en partie, pour l’époque la plus récente, à la création des trusts et des cartels, dont un des objets principaux, nous le savons, est de mettre obstacle à la surproduction. Mais cela est dû tout d’abord, semble-t-il, à la constitution progressive d’une économie mondiale, prodigieusement diverse et complexe, et telle que les phénomènes d’ordre pathologique qui apparaissent dans telle ou telle de ses parties tendent de plus en plus à être neutralisés par les conditions différentes des autres parties.