Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/537

Cette page n’a pas encore été corrigée

le prix est déterminé par le coût marginal — en d’autres termes, par le coût de la dernière unité vendue — comme on est en droit de dire qu’il est déterminé par la valeur d’usage marginale — en d’autres termes, la va leur d’usage de la dernière unité achetée — . Mais ce n’est que dans le cas où le coût de production est constant qu’on pourra dire que le prix est déterminé par le coût seul. Il importe de bien voir que dans le cas du coût de production croissant le coût, pas plus que l’utilité, ne constitue la valeur à lui tout seul (1).

La valeur, à l’ordinaire, dépend à la fois du coût et de l’utilité. Il conviendra, toutefois, de faire de la valeur d’usage lu cause du prix. Cette façon de parler — à la condition qu’on s’entende bien — présente un avantage : elle nous rappelle que si l’on produit, c’est pour satisfaire la demande ; et c’est là une vérité qu’il est nécessaire de ne pas perdre de vue. Approfondissons, d’ailleurs, la notion du coût, nous verrons que cette notion est en grande partie dérivée, qu’elle implique celle de la valeur d’usage. Le coût de production d’un bien, ce n’est pas autre chose que la valeur des moyens de production qu’on emploie à le produire. Mais la valeur des moyens de production résulte pour partie — et souvent même uniquement — de leur valeur d’usage — c’est-à-dire, en dernière analyse, de la valeur d’usage des biens directs qu’ils servent à produire — .

IV. L’ÉQUILIBRE DE L’OFFRE ET DE LA DEMANDE. LES CRISES

304. L’équilibre de l’offre et de la demande. — Nous avons esquissé la théorie du prix normal. On dit souvent que ce prix est celui qui assure l’équilibre de l’offre et de la demande. Cette expression n’est peut- être pas très heureuse ; tout au moins demande-t-elle à être bien comprise. À quelque prix qu’une marchandise se vende, toujours il y a égalité entre l’offre effective et la demande effective : ce n’est là qu’une tautologie. Ce qu’il faut entendre par l’équilibre de l’offre et de la demande, c’est un rap port de l’offre effective et de la demande — ou encore, si l’on veut, de la


Marshall a beaucoup insisté sur cette idée (v. ses Principles, liv. V, chap.3, § 7, chap. 8, § 1, chap. 14, note finale, dans le passage consacré à Jevons, liv. Vl.chap. 1, § 7). On se défiera, toutefois, de la comparaison qu’il fait de l’action du coût et de l’utilité à celle des deux- ciseaux qui servent également à couper, même alors que l’un des deux seulement marche. S’agit-il, en effet, du prix effectif ? il peut résulter, nous l’avons vu. de la seule courbe de la demande. S’agit-il du prix normal ? on ne voit pas que dans ce cas la valeur puisse paraître résulter de la seule action de la demande. On aura profit encore à lire, sur le point qui nous occupe ici, Hobson, Economics of distribution (New-York, Macmillan. 1900), chap. 3.