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sera très maigre. Quand la pêche est abondante, les prix sont bas, elle coût de production aussi ; quand elle est maigre, c’est le contraire. Et l’on ne voit pas, cependant, le nombre des pêcheurs augmenter à la suite d’une bonne pèche, ou diminuer à la suite d’une mauvaise. La production, le prix effectif et le coût étant irréguliers, ce sont les moyennes que l’on considère, c’est d’elles que dépend le développement plus ou moins grand de l’industrie de la pêche. Et il en est de même pour toutes ces industries où la production est irrégulière. L’exemple de la pêche est particulièrement caractéristique parce que le poisson est une denrée qui doit être consommée dans un très bref délai. Mais à côté des denrées qui ne se conservent pas du tout, il y a celles qui sont sujettes à s’altérer avec le temps. Et même pour celles qui sont d’une conservation indéfinie, les frais que comporte l’emmagasinement font que l’irrégularité de la production aura nécessairement pour conséquence une certaine irrégularité de la vente des prix effectifs.

Nous avons montré comment, dans le cas le plus ordinaire, il convenait d’identifier la courbe de l’offre avec celle du coût de production, et nous avons dit que normalement le prix ne pouvait pas être inférieur au coût, que ces productions ne pouvaient pas manquer d’être abandonnées qui ne couvraient pas leurs frais. Cette assertion demande à être rectifiée. Il peut arriver, en effet, que des producteurs trouvent leur intérêt à exercer une industrie qui ne les dédommage pas de leurs dépenses. Nous savons que nombre de productions comportent la mise en œuvre d’un capital fixe. Ce capital fixe peut être représenté par des installations, par des machines qui en dehors de l’emploi auquel elles étaient destinées n’auront que très peu de valeur, ou même auront une valeur tout à fait nulle. Ainsi, renoncer à l’industrie en vue de laquelle on se les est procurées, ce sera perdre les sommes qu’elles ont coûté. Dans ces conditions, on aura avantage à continuer de produire alors même que l’on ne devrait pas obtenir, par la vente des produits, la rémunération de son capital fixe.

On conçoit sans peine comment une pareille hypothèse peut se trouver réalisée. Qu’à côté d’une usine ancienne, par exemple, une usine nouvelle vienne à se construire où l’on pourra employer des procédés plus perfectionnés, et le propriétaire de la première usine devra souvent ou fermer celle-ci, ou se résigner à vendre à un prix qui couvrira ses frais d’exploitation, mais qui ne couvrira pas la totalité de ses frais. Les entreprises de transports, de même, sont amenées assez souvent, par la concurrence qu’elles se font, à baisser leurs tarifs au-dessous de leurs frais. S’il s’agit, cependant, de compagnies de chemins de fer étendant leurs réseaux sur des régions voisines, mais distinctes, la concurrence n’existera entre elles que par rapport à certains parcours. Au reste, nous avons indiqué déjà comment l’importance de plus en plus grande du capital fixe dans la