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sommation totale serait constante : tel est à peu près le cas pour le pain ordinaire et le pain de luxe. À chaque prix de la qualité ordinaire correspond une certaine courbe de la demande pour la qualité supérieure, et par suite une certaine consommation de cette qualité supérieure. On voit dès lors comment les prix de l’une et de l’autre qualité s’établiront : le prix de la qualité ordinaire, par exemple, sera tel que la consommation de la qualité supérieure qui en résultera permette à la consommation de cette qualité ordinaire d’être celle qui doit correspondre à ce prix.

Un cas beaucoup plus difficile est celui où l’on n’a pour les deux qualités en présence ni une proportion déterminée, ni un total constant. Pour résoudre, ici, les problèmes qui peuvent se poser, il faudrait connaître — avec les courbes de l’offre — ces courbes de la demande qu’on aurait si chacune des deux qualités existait seule ; et il faudrait connaître encore les valeurs d’usage que prendront, pour chaque consommateur, les unités successives de chacune des deux qualités s’il vient à acquérir tel ou tel nombre d’unités de l’autre qualité.


6. La concurrence bilatérale (suite). L’offre.


299. Deux façons de tracer la courbe de l’offre. — La courbe de l’offre peut être tracée de deux manières ; et c’est tantôt de l’une, tantôt de l’autre, selon les cas, que nous nous sommes servis dans les pages précédentes. Il importe de bien voir en quoi elles consistent, et comment elles se distinguent.

1° La courbe de l’offre se définit tout d’abord d’une manière analogue à la courbe de la demande. Pour tracer cette courbe, il faut ranger les unités successives de la marchandise que l’on considère dans l’ordre croissant des prix auxquels leurs détenteurs sont disposés à les céder ; ou plutôt — cette deuxième formule n’équivaut point parfaitement à la première — il faut voir le nombre d’unités qui seraient cédées pour chacun des prix qui peu vent s’établir : ainsi au prix de 3 francs il serait vendu 2 unités, au prix de 4 francs 5 unités, au prix de 5 francs 10 unités, etc.

La définition que nous venons de donner de la courbe de l’offre est la seule qui convienne quand il s’agit de certaines catégories de biens, à savoir de ces biens dont la quantité ne peut pas être augmentée, et d’une façon plus générale de ces biens qui ne coûtent rien à produire, ou dont la quantité ne dépend pas du coût auquel ils sont produits. Telles sont par exemple les antiquités ; telles sont les terres ; tels sont encore les effets de commerce et les coupures de papier-monnaie[1]. Admettons que la valeur

  1. Cf. Neumann, Die Gestaltung des Preises, §§ 40-41, dans le Handbuch de Schönberg, 1re partie.