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qu’ont les unités de l’ensemble a + b. Si au contraire le prix de b n’est pas supposé établi, alors la demande de a sera indéterminée, précisément à cause de la solidarité qui existe entre cette demande et la demande de 6. Dans la réalité, nous le savons, des prix sont presque toujours donnés ; en sorte que les problèmes que l’expérience pose devant nous, relativement au point qui nous occupe, sont presque toujours des problèmes du genre de celui-ci : telle variation ayant lieu dans le prix d’un bien complémentaire, qu’est-ce qui en résultera pour la demande, et conséquemmenl pour le prix du bien que celui-là complète ? Ajoutons, encore, que la solidarité des biens complémentaires est rarement aussi étroite que nous l’avons faite ci-dessus : à l’ordinaire, un bien complémentaire peut se combiner selon des proportions diverses avec le bien dont il est le complément — que l’on pense, par exemple, à la façon dont la terre et le travail concourent à la production agricole — ; très souvent aussi, il sera complémentaire d’une multiplicité d’autres biens ; et il arrive également qu’un bien qui dans l’un de ses emplois est un bien complémentaire ait une utilité même si on l’emploie seul (1 ). il" En tant qu’ils ont des substituts, la demande des biens dépend de la demande et des prix de ces substituts qu’on peut leur donner. Ici nous sommes en présence d’un fait non plus fréquent comme les faits précédents, mais universel, puisque, comme nous l’avons vu, il n’est pas de bien pour lequel il n’y ait un grand nombre d’autres biens qui puis sent plus ou moins lui servir de substituts. Mais si la dépendance que nous voulons signaler existe pour tous les biens, elle peut être plus ou moins étroite. Si l’on veut prendre, pour l’étudier, une hypothèse où elle soit particulièrement étroite, on peut choisir celle de la marchandise dont il v a deux qualités, une ordinaire et l’autre plus appréciée. Une telle hypothèse, au reste, comporte des modalités diverses. Soit en premier lieu une marchandise dont il y ait deux qualités, avec une proportion déterminée entre les quantités de l’une et de l’autre : ainsi la viande ordinaire et tel morceau recherché, comme le filet (2). Il s’établira un prix pour la viande ordinaire, déterminé par la courbe de l’offre totale de viande et par cette courbe qu’on aurait pour la demande si toute la viande était de la viande ordinaire. Et il y aura ensuite une courbe de la demande spéciale de filet, résultant du supplément de prix que les divers consommateurs sont disposés à payer pour avoir du filet au lieu de viande ordinaire. On peut imaginer, en deuxième lieu, deux qualités entre lesquelles il n’existerait pas une proportion déterminée, mais pour lesquelles la con- (t) Nous aurons à reparler, au § 333, du cas des biens productifs complémentaires. (2) Cf. Colson, Cours, liv. I, chap. 6, H, A (pp. 149-150).