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jadis, au temps où le prix du blé subissait des variations bien plus fortes que de nos jours, de celles de King en particulier, il résulterait qu’à des hausses du prix du blé de 3, 8, 16, 28, 45 dixièmes correspondraient des diminutions de 1, 2, 3, 4, 5 dixièmes dans la consommation[1]. On peut penser encore, ici, à des objets comme les serrures ou les cercueils.

De même, la demande manquera d’élasticité de ces biens qui sont nécessaires, non plus à tout le monde, mais à de certaines catégories de gens : il en est ainsi, par exemple, pour certains instruments de travail — outils ou livres — .

Si parmi les biens nécessaires il en est plus d’un pour lesquels la courbe de la demande a une pente uniformément rapide, on peut dire d’une manière très générale des biens de luxe que la courbe de la demande, pour eux, a une pente uniformément douce. Ces biens sont tels, à l’ordinaire, que la quantité que chaque individu en peut consommer est très extensible ; mais notre proposition pourra se vérifier même lorsqu’il n’en sera pas ainsi : prenons un bien de luxe dont chaque individu ne puisse consommer qu’une quantité limitée : l’élévation du prix de ce bien, le plus souvent, aura pour effet d’en interdire la consommation aux plus pauvres de ceux qui en usaient ; l’abaissement du prix, au contraire, le rendra accessible à toute une classe nouvelle d’acheteurs, moins fortunés que ceux qui en usaient précédemment.

298. Quelques cas spéciaux. — Il est des cas où la courbe de la de mande d’un bien dépend de la demande d’un autre bien, ou encore, comme nous l’avons indiqué déjà, du prix auquel se vend celui-ci. Cela arrive pour trois catégories de biens, les biens productifs, les biens complémentaires et les biens substituables.

1° Les biens productifs peuvent être demandés soit par des personnes qui entendent consommer elles-mêmes les produits qu’elles en tireront, soit par des personnes qui se proposent de vendre ces produits. La demande des premières dépendra de la valeur d’usage qu’elles attribueront aux produits. La demande des deuxièmes dépendra du prix qu’elles penseront les vendre.

2° Pour ce qui est des biens complémentaires, la question que nous avons soulevée n’existe, bien entendu, que lorsqu’ils sont vendus séparément de ces biens dont ils sont le complément. Soit donc deux biens, a et b, complémentaires l’un de l’autre, et qui n’aient point d’autre utilité que celle qu’on leur trouve quand on les emploie comme tels. Si b a un prix établi, la demande de a est déterminée : la courbe de cette demande pourra être tracée en retranchant le prix de b des valeurs d’usage décroissantes

  1. King cherchait les effets sur les prix d’une production plus ou moins abondante (voir Marshall, chap. cité, § 4). Mais de la « loi » qu’il a posée on peut tirer, en la retournant en quelque sorte, la proposition ci-dessus.