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5. La concurrence bilatérale (suite). La demande.

296. Ce qu’il faut entendre par la demande. — Nous avons montré d’une manière sommaire comment se détermine le prix de concurrence. Il nous faut maintenant étudier de plus près les éléments du problème, c’est-à-dire la demande d’une part, l’offre de l’autre. Par là, d’ailleurs, ce n’est pas seulement la théorie du prix de concurrence que nous compléterons, mais aussi celles du prix de monoone et du prix de monopole : car les remarques que nous aurons à faire, bien souvent, pourront être utilisées pour ces théories, ou pour l’une d’entre elles, comme pour la première. Nous commencerons par la demande.

Nous avons indiqué déjà, dans les pages précédentes, ce que c’est que la demande. Il ne sera pas inutile, toutefois, d’en donner une définition précise.

Tout d’abord, il importe de distinguer avec soin la demande de ce que l’on nomme souvent la demande effective. Supposons que le prix d’une marchandise vienne à baisser, et que, en conséquence, il se vende de celle marchandise une plus grande quantité. Dans un tel cas, on dit assez souvent que la demande de la marchandise en question s’est accrue ; il faudrait dire, pour s’exprimer correctement, que la demande effective s’est accrue. Et cet accroissement de la demande effective, si les sommes que chaque acheteur possible est disposé à payer pour chaque quantité de notre marchandise sont restées les mêmes, ne résulte pas d’un changement de la demande : celle-ci est restée ce qu’elle était ; il ne peut avoir résulté que d’un changement de l’offre.

La demande — au sens où l’économique prend ce mot — d’une marchandise sur un marché est faite — nous venons de l’indiquer — de ce que chaque acheteur éventuel est disposé à payer pour chaque quantité de celte marchandise qui peut lui être offerte. La courbe de la demande, dès lors, peut être tracée des deux manières, que voici.

1° On peut, pour tracer la courbe de la demande, ranger les unités successives de la marchandise que l’on considère dans l’ordre décroissant des valeurs d’usage qu’elles ont pour les différents acheteurs possibles, ou mieux — pour parler comme certains Autrichiens — des appréciations de ces valeurs d’usage : ainsi, si une unité d’un certain bien avait pour son demandeur une valeur d’usage égale à 100 francs, si une deuxième unité avait une valeur d’usage de 98 francs, etc., c’est la suite de ces nombres 100, 98, etc. qui dessinerait la courbe de la demande — ou la ligne à échelons que l’on peut convenir d’appeler ainsi —.

2° On peut, d’autre part, s’attacher au nombre d’unités qui seraient ache