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Avec une multiplicité de vendeurs, les prix ne pourront se déterminer d’une manière analogue à celle dont se détermine le prix de monopole que si la quantité offerte par certains vendeurs est rigoureusement limitée. Imaginons deux vendeurs dont l’un offre 1.000 unités de sa marchandise, et ne peut en offrir davantage ; si pour les demandeurs la valeur d’usage de la millième unité est 10 francs, et que le deuxième vendeur produise avec un coût de 5 francs par unité, ce deuxième vendeur sera dans la même situation qu’un monopoleur, avec cette double différence qu’il ne pourra pas mettre son prix au-dessus de 10 francs, et que s’il adopte un prix supérieur au coût de production du premier producteur, il devra, avant de rien vendre, permettre à celui-ci d’écouler ses 1.000 unités.

293. Comment il se détermine. — Nous négligerons l’hypothèse ci-dessus pour ne nous occuper que du prix de concurrence véritable ; et pour voir comment se détermine ce prix de concurrence, nous considérerons un marche où un certain nombre de vendeurs et d’acheteurs se rencontrent, les uns offrant, les autres demandant des objets que nous ferons, en premier lieu, indivisibles[1]. Soit, par exemple, un marché où des chevaux sont amenés, qui sont tous pareils. Rangeant les prix pour lesquels les vendeurs sont disposés à céder ces chevaux dans l’ordre croissant, et les prix que les acheteurs sont disposés à donner pour avoir un cheval dans l’ordre décroissant, nous avons, mettons, le tableau suivant :

Vendeurs Acheteurs

A B C 100 francs 200 » 400 » M 750 francs N 560 » 0 430 » D i : 450 700 etc. P 380 Q 360 etc. » » » »

Dans ces conditions, combien de chevaux sera-t-il vendu, et à quel prix ?

Pour répondre à ces questions, il faut supposer qu’un prix est tout d’abord lancé par quelqu’un. Imaginons que le vendeur A offre son cheval pour 150 francs : à ce prix, plusieurs acheteurs trouveront avantage à le prendre ; et, se le disputant, ils enchériront les uns sur les autres. Quand, dans ces enchères, le prix atteindra 200 francs, le vendeur B entrera en ligne ; quand il atteindra 400 francs, ce sera le tour du vendeur C. La concurrence des acheteurs empêchera que le prix soit inférieur à 400 francs : car alors il y aurait 3 acheteurs pouvant acheter, contre 2 vendeurs pouvant vendre. D’autre paît, il ne pourra pas être supérieur à 430 francs :

  1. Voir Böhm-Bawerk, Positive Theorie des Capitales, liv. III, 2e section, i. D.