Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/518

Cette page n’a pas encore été corrigée

rilable — sans compter que ces conditions sont instables par lesquelles il se détermine — .

Il importe de noter, toutefois, que si les monopoleurs sont exposés à se tromper, ils peuvent se tromper dans un sens comme dans l’autre : et comme la tendance n’est que trop fréquente à croire qu’avec des prix plus élevés — là où l’on n’a pas de concurrence à redouter — on doit faire plus de bénéfice, le cas le plus fréquent, vraisemblablement, sera qu’ils mettront leur prix plus haut que leur intérêt ne voudrait.

2° On a représenté que le monopoleur ne pouvait pas fixer ses prix trop haut sans par là diminuer considérablement sa vente. En effet, dit-on, les consommateurs, lorsque le prix d’une marchandise devient trop élevé, remplacent cette marchandise par une autre qui satisfait le même besoin, encore qu’elle le satisfasse moins bien, ou par une marchandise qui satis fait un besoin proche du premier. Une tentative assez récente d’accaparement du cuivre a échoué, entre autres choses, parce que le prix du cuivre ayant renchéri d’une manière excessive, on s’était ingénié un peu partout pour remplacer le cuivre, là où l’on avait coutume de l’employer, par d’autres métaux.

3° On a fait remarquer que les monopoleurs ne sont pas tous maîtres absolus de leurs prix. Un monopoleur qui ne doit son monopole qu’aux conditions plus favorables dans lesquelles il produit, à l’organisation meilleure qu’il a su donner à sa production, qui n’est point protégé par la loi, ou par la possession exclusive de telle sorte de moyens productifs naturels, contre toute possibilité de concurrence, ne pourra élever ses prix que dans cette mesure où par là il ne suscitera pas de concurrence. Imaginons encore un cartel qui fixant un prix identique pour les produits de toutes les entreprises qu’il réunit, limite la production de chacune de ces entre prises. Si ce cartel veut mettre ses prix trop haut, la tentation deviendra bien grande pour ceux qui en font partie de manquer aux conventions, de vendre plus que cette quantité qu’ils se sont engagés à ne pas dépasser ; et l’existence du cartel, par suite, du monopole, s’en trouvera compromise.

Les deux dernières observations doivent être retenues. Elles ne font pas, cependant, que dans l’ensemble les prix de monopole ne soient pas, ou ne puissent pas être sensiblement plus élevés que les prix de concurrence. Or nous savons que les monopoles sont nombreux, et qu’ils tendent à se multiplier de plus en plus. Il faut d’ailleurs noter, si l’on veut apprécier l’importance pratique de la théorie du prix de monopole, que cette théorie n’a pas seulement son application dans les cas de monopoles au sens étroit du mot. Elle s’applique aussi jusqu’à un certain point à tous ces cas — et ils sont innombrables — où un producteur jouit, par rapport à ses concurrents, de ce qu’on a appelé un avantage de production. Du moment qu’un producteur, parce qu’il produit, par exemple, à moins de frais que