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établira-t-il son prix ? Pour chaque prix que B peut adopter, le coût de production de A se trouve être tel ou tel, et A a intérêt à adopter un certain prix, auquel correspondra pour lui une certaine vente, par suite un certain bénéfice. B choisira donc ce prix pour lequel, A établissant pour ses pro duits le prix le plus avantageux qui y corresponde, son bénéfice à lui B soit aussi grand que possible. Et le prix de A se trouvera déterminé par là.

291. Prix de monopole et « prix de concurrence ». — À l’ordinaire, le prix de monopole est plus élevé que le prix dit de concurrence. Il pourra se faire, cependant, qu’il y soit égal. Et même, des cas peuvent être imaginés où le prix de monopole serait inférieur au prix de concurrence. Un monopoleur, s’il produit en grand, pourra bénéficier de cette diminution des frais qui accompagne, souvent, la production en grand ; et la courbe de la demande, pour la marchandise qu’il fabrique, peut être telle qu’il ait intérêt à établir un prix ne dépassant pas de beaucoup son coût de production. Que l’on mette, à la place de ce monopoleur, deux producteurs concurrents : leur concurrence les obligerai se contenter du profit moyen de l’industrie ; mais comme leur coût de production, en raison de l’échelle réduite selon laquelle ils produisent, est supérieur à celui du monopoleur de tantôt, leur prix pourra être plus élevé que le prix de monopole. Des cas pareils, toutefois, ne sauraient être que des exceptions.

On a cherché, plus d’une fois, à réduire l’importance de la théorie du prix de monopole, à démontrer que dans la réalité, au point de vue de la détermination des prix, le régime du monopole n’était point différent du régime de la concurrence bilatérale autant que l’étude de celle théorie le donnerait à croire.

1° On a représenté, en premier lieu, que les monopoleurs étaient empêchés d’adopter, pour les biens qu’ils vendent, les prix de monopole à cause de l’impossibilité où ils sont de connaître exactement ces prix. La théorie ne fait pas autre chose, en somme, que définir le prix de monopole, qu’indiquer les conditions dans lesquelles le prix fixé par le monopoleur rapportera à celui-ci les bénéfices les plus élevés ; elle ne saurait guère nous en enseigner davantage, et il ne faut pas lui demander de nous dire quel est le prix qui, pour telle ou telle marchandise, remplira les conditions en question. Un bien monopolisé étant vendu à un certain prix — que l’on pense, par exemple, aux timbres-poste, au tabac, au transport par chemin je fer — i comment savoir quel accroissement de la vente résultera d’un abaissement des prix, quelle diminution de la vente résultera d’une élévation de ces prix ? On peut risquer des inférences en s’appuyant sur des expériences antérieures, relatives à ces mêmes biens ou à des biens similaires ; mais ce n’est que par des tâtonnements — que diverses raisons empêchent de multiplier — qu’on pourra arriver au prix de monopole vé-