Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/515

Cette page n’a pas encore été corrigée

compliqué : les tableaux d’un peintre ne sont pas pareils entre eux, ils ont chacun leur individualité, ce qui fait que les acheteurs pourront préférer l’un à l’autre ; et de plus, le rapport des valeurs d’usage des tableaux variera d’un acheteur à l’autre. Négligeant ces complications, voici com ment les choses se présentent : fixant pour ses tableaux un certain prix, notre marchand en vendra — dans un délai donné — une certaine quantité ; fixant un prix plus élevé, il en vendra peut-être moins — nous disons peut-être, parce qu’ici la demande n’affecte pas la forme d’une courbe continue — ; s’il les met à un prix plus bas, il en vendra peut-être davantage. Il s’agit pour lui de savoir la recette que chaque prix lui permettra d’effectuer, dans la période considérée. Ajoutons qu’il ne devra pas nécessairement choisir le prix qui lui procurera, dans la période en question, le maximum de recette — et de bénéfice — ; il lui faudra voir encore dans quelle mesure il lui importe de réaliser » ses tableaux plus vite ou moins vite.

Revenons au cas où la demande peut être représentée par une courbe. La forme de cette courbe est très variable ; elle change d’une marchandise à l’autre, et pour une même marchandise elle peut changer encore d’un lieu, d’un moment à l’autre. Aussi le prix de monopole pourra être tantôt très élevé, tantôt relativement bas. Sous ce rapport, une distinction importante et qu’il y a lieu de mentionner ici est celle que l’on peut établir, d’une manière générale, entre les biens nécessaires et ks biens de luxe. Des premiers, à l’ordinaire, nous tenons beaucoup à avoir une certaine quantité ; et une quantité supplémentaire n’a plus qu’une valeur d’usage très petite. Nous donnerions très cher pour avoir ce pain, ce sel que nous consommons quotidiennement ; mais nous ne verrons guère d’utilité à avoir plus de pain, plus de sel que ce que nous sommes accoutumés à en consommer. La consommation des biens de luxe, au contraire, est le plus souvent très élastique. Il résulte de là que le prix de monopole sera, en général, beaucoup plus élevé pour les biens nécessaires que pour les biens de luxe. Ce sont les biens nécessaires surtout que l’on trouve profil à monopoliser, quand cela est possible.

2° L’hypothèse qui se réalise le plus communément dans l’expérience, c’est celle du monopoleur qui produit les biens qu’il vendra, qui a une entreprise fonctionnant régulièrement, et qui, organisant cette entreprise, est obligé de se préoccuper des frais qu’entraînera son fonctionnement. Pour voir comment, dans cette hypothèse, le prix de monopole se détermine, nous pouvons nous servir de la ligure de tantôt. Dans cette figure, la distance de la ligne EF à la ligne OX représente les coûts auxquels reviennent, au producteur, les unités successives de sa marchandise. Si le coût demeure constant quelle que soit la quantité produite, le bénéfice, avec le prix Ml’, sera mesuré par le rectangle EP ; avec le prix NP’,