Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/514

Cette page n’a pas encore été corrigée

290. Cas du prix unique. — Nous arrivons ainsi au cas où le monopoleur est obligé de n’avoir qu’un prix pour sa marchandise.

1° Tout d’abord, supposons que ce monopoleur n’ait pas à se préoccuper du coût de la marchandise en question, soit que celle-ci ne lui coule rien, soit qu’il ait de cette marchandise une certaine quantité, et qu’ainsi il ne s’agisse pour lui que de réaliser, en la vendant, la plus forte recette possible.

Soit donc un monopoleur qui détient une certaine quantité d’une marchandise déterminée, que nous faisons en premier lieu indéfiniment divisible. S’il met l’unité de cette marchandise à un certain prix, il vendra tant d’unités. Double-t-il son prix ? il vendra un nombre d’unités moindre ; mais ce nombre ne sera pas nécessairement deux fois moindre : il pourra être à peine inférieur à celui de tantôt, comme il pourra être trois fois, dix fois moindre, ou même être nul. Notre monopoleur baisse-t-il son prix de moitié ? il vendra un nombre d’unités plus grand ; mais ce nombre peut être à peine supérieur à celui d’avant, comme il peut être trois fois, dix fois plus grand. Figurons la demande par la courbe AB : nous aurons, pour un prix MP, un nombre d’unités vendues qui sera mesuré par la ligne OM, et une recette qui sera mesurée par le rectangle OP ; pour un prix NP’, le Fig. 8. nombre d’unités vendues sera égal à ON, et la recette sera mesurée par le rectangle 0 P’. Mais le rapport des quantités OM et ON n’est pas nécessairement l’inverse, et il ne sera qu’exceptionnellement l’inverse de celui des prix MP et NP’. Les rectangles OP, OP’, etc. seront donc, selon toute vraisemblance, inégaux ; et le prix le plus avantageux pour le monopoleur — le prix de monopole, comme on l’appelle — sera celui sur lequel on construira le rectangle le plus grand ; exceptionnellement, on pourra avoir deux ou plusieurs rectangles égaux, et par suite deux ou plusieurs prix de monopole. Au prix de monopole d’ailleurs — ou aux prix de monopole — correspondra une vente qui pourra très bien ne pas être la plus forte possible. Le monopoleur pourra avoir intérêt à ne vendre qu’une partie de sa marchandise.

Les choses se passeront d’une manière à peu près semblable si la marchandise monopolisée consiste en objets qui ne se laissent point diviser. La seule différence à noter, c’est qu’on n’aura pas ici, pour figurer la de mande, une courbe, mais une ligne à échelons. On peut prendre, pour illustrer une telle hypothèse, l’exemple du marchand qui possède un certain nombre de tableaux d’un maître. À la vérité, ce cas est quelque peu