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ces faits se ramènent à un assez petit nombre de types : et par suite les lois qu’on peut découvrir en les étudiant, si l’on ne veut se servir que de l’induction, seront bien peu nombreuses.

Pour ce qui est de l’ « histoire », maintenant, elle ne saurait — pour autant qu’on la sépare de la statistique — fonder des inductions bien sûres. Se nous fournissant pas d’indications numériques précises, elle ne nous permettra que rarement, et d’une manière très imparfaite, de constater ces variations concomitantes d’où l’on conclut à l’existence de rapports de causalité. Et quant aux procédés logiques de la concordance et de la différence, ils ne pourront servir ici que plus rarement encore, en raison de la complexité de ces faits que l’ « histoire » s’applique à décrire : il est bien peu fréquent que deux moments historiques se ressemblent entre eux ou ne diffèrent que par rapport à une particularité.

Il y a plus à attendre, à coup sûr, des observations monographiques et des observations statistiques que de celles dont nous venons de parler. C’est que les observations monographiques et les observations statistiques, nous fournissant des données numériques, permettent de constater des concordances, des différences et des variations concomitantes sur lesquelles il nous sera possible de fonder des inductions. Les monographies offrent ici de l’utilité : l’étude attentive, par exemple, de la comptabilité d’une exploitation agricole peut conduire a des découvertes sur des sujets comme celui du produit net des terres. Mais ce sont surtout les statistiques qui pourront rendre des services, parce qu’elles nous présentent des faits de masse tout disposés en séries, et que ces faits sont des faits très abstraits, matériaux tout préparés pour la généralisation inductive.

Et toutefois l’étude des statistiques elles-mêmes ne conduit qu’à des résultats assez maigres, et souvent incertains. Veut-on rechercher comment se déterminent le taux de l’intérêt, ou les salaires ? veut-on rechercher les causes qui déterminent le change ? On ne trouvera que bien difficilement un phénomène dont les variations soient concomitantes à celles du phénomène considéré. Et comment en serait-il autrement, puisqu’un phénomène économique, à l’ordinaire, est sous la dépendance, non pas d’un autre phénomène seulement, mais d’une multiplicité de phénomènes ? Parfois il est vrai la concomitance des variations existera, pour un court espace de temps. Mais cette concomitance, alors, pourra s’expliquer par l’existence d’une cause commune aux deux phénomènes observés, ou par une simple coïncidence. Ce n’est que dans des cas exceptionnels que l’on pourra parler à coup sûr d’un lien causal. La hausse énorme qui s’est manifestée dans les prix pendant le cours du xvie siècle ne peut trouver son explication que dans la multiplication du numéraire, consécutive de la découverte de l’Amérique. On sera donc autorisé à affirmer une influence de la quantité du numéraire sur les prix, sans d’ailleurs pouvoir dire que