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seulement 200 francs, et de quelque manière que l’on conduise l’opération dont il s’agit ici, il est impossible que les deux premiers chevaux achetés ne soient pas ceux que leurs possesseurs estiment le moins haut ; en sorte que le cheval restant ne pourra être cédé que pour 500 francs, ce qui rend la vente de ce cheval impossible.

Mais quel prix obtiendront les deux chevaux vendus ? Si les vendeurs connaissent l’intensité du besoin de l’acheteur, il n’y aura qu’un prix et ce prix s’établira, dirons-nous tout d’abord, entre 330 et 400 francs, c’est-à-dire entre cette valeur d’usage que le dernier cheval vendu a pour l’acheteur et celle qu’attribue à son cheval celui des vendeurs effectifs qui l’estime le plus haut. Le prix ne sera pas inférieur à 350 francs, parce que le deuxième vendeur — les vendeurs étant classés dans l’ordre que nous avons indiqué — ne peut pas descendre au-dessous de 350 francs, et qu’à ce prix l’acheteur a avantage à acheter. Il ne sera pas supérieur à 400 fr., parce qu’alors l’acheteur ne prendrait plus qu’un cheval, et qu’il y a deux vendeurs qui peuvent vendre à 400 francs. Et il n’y aura qu’un prix, parce que celui des vendeurs qui pourrait vendre à 150 francs n’a aucun intérêt à vendre moins cher que l’autre. On remarquera toutefois que dans notre hypothèse le prix de 400 francs, que nous venons d’indiquer comme le prix maximum, ne saurait être atteint. Si l’acheteur, en effet, n’achetait qu’un cheval, il l’aurait pour un prix légèrement inférieur à 330 francs, ce qui lui laisserait un bénéfice de consommateur d’environ 450 francs. Il n’achètera deux chevaux, dans ces conditions, que si le prix total de ces deux chevaux lui laisse un bénéfice de consommateur de 450 francs, s’il n’excède pas, par conséquent, 800 + 400 - 430, soit 750 francs.

Dans l’intervalle, maintenant, entre 350 et 375 francs, la fixation du prix résultera des conditions du marchandage.

On peut faire encore cette supposition que les vendeurs ignorent complètement les dispositions de l’acheteur. Dans ce cas, il n’est pas impossible qu’on ait, pour les unités vendues, des prix différents. L’acheteur peut faire croire aux vendeurs qu’il ne désire qu’un cheval : il achètera, ainsi, ce cheval que son possesseur estime le moins, et il le paiera un prix qui sera inférieur à 350 francs, et qui ne sera pas inférieur a 150 francs ; après quoi il demandera un deuxième cheval, qu’il paiera un prix pouvant aller de 350 à 400 francs.

2° Quand les biens offerts peuvent être divisés à l’infini, les choses se passeront d’une manière analogue à celle qu’on vient de voir. Les dispositions de l’acheteur sont-elles complètement inconnues pour les vendeurs ? L’acheteur, alors, pourra obtenir des quantités successives du bien qui lui est offert à des prix différents. Représentons par la ligne OX les quantités offertes ; soit AB la courbe de l’offre, c’est-à-dire les valeurs d’usage croissantes que les unités offertes ont pour les vendeurs. Si l’acheteur réussit à