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2. La concurrence unilatérale. Le « monoone ».

286. Différents cas de concurrence unilatérale. — Il y a concurrence unilatérale lorsqu’un individu se trouve en présence de plusieurs individus également disposés à échanger des biens qu’ils ont contre un bien qu’il a lui-même.

Ici encore, il y a une multiplicité d’hypothèses à envisager. La plus simple est celle d’un individu ayant un objet indivisible à échanger, et qui se trouve en présence d’individus ayant eux aussi des objets indivisibles. Dans cette hypothèse, le premier individu cédera l’objet qu’il possède contre celui des autres objets qui aura pour lui la valeur d’usage la plus grande ; et si les objets entre lesquels il a à choisir ont tous pour lui la même valeur d’usage, il prendra indifféremment l’un ou l’autre d’entre eux.

Mais nous n’examinerons pas tous les cas concevables : nous nous en tiendrons à ceux dans lesquels, de l’un ou de l’autre côté, c’est de l’argent que l’on a à échanger, aux cas, autrement dit, où il y a des acheteurs — ou un acheteur — et des vendeurs — ou un vendeur — . Ces cas peuvent être classés en deux groupes : tantôt la concurrence existera du côté des vendeurs, cependant qu’il n’y aura qu’un acheteur ; on pourra parler alors, employant le mot créé par Effertz, de monoone ; tantôt la concurrence existera du côté des acheteurs, cependant qu’il n’y aura qu’un vendeur ; ce sera alors le monopole. Nous étudierons en premier lieu le monoone.

287. Le monoone. — 1° Imaginons qu’à un acheteur unique des vendeurs offrent simultanément — c’est ainsi que l’on dit — des biens indivisibles ; et supposons, pour simplifier les choses, que ces objets soient parfaitement identiques. Pour savoir combien d’unités notre acheteur achètera, il faut établir une colonne avec les valeurs d’usage successives — ce sont des quantités décroissantes — que représentent pour lui les unités qu’il pourrait acheter ; et il faut inscrire dans une autre colonne, selon l’ordre croissant, les valeurs d’usage que les objets à vendre ont pour les vendeurs : l’échange s’arrêtera quand les quantités inscrites dans la première colonne cesseront d’être supérieures ou égales aux quantités de la deuxième colonne. Si un acheteur est disposé à donner 800 francs d’un premier cheval, 400 d’un deuxième, 200 d’un troisième, et qu’il y ait d’autre part un cheval que son possesseur soit disposé à vendre 150 francs, un autre qu’on soit disposé à vendre pour 350 francs, un troisième qu’on soit disposé à vendre pour 500 francs, il sera acheté deux chevaux, et pas plus : car un troisième cheval aurait pour l’acheteur une valeur d’usage de