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rect ou pour conséquence principale de faire varier des valeurs — que l’on pense par exemple à des mesures comme la limitation législative de la journée de travail —, elles entraîneront cependant des conséquences de ce genre ; en sorte que pour les apprécier, elles aussi, il est nécessaire d’avoir approfondi la question de la valeur.

281. Les théories de la valeur. — L’importance capitale du problème de la valeur dans l’économique n’a pas manqué d’être reconnue de la plu part des économistes. Il n’en est guère, parmi ceux d’entre eux qui ne se sont pas limités à des études de détail ou à des recherches historiques, qui n’aient abordé ce problème. Ainsi, pour le résoudre, des théories nombreuses ont été proposées[1]. Ces théories sont si nombreuses même — et si diverses aussi — qu’il est malaisé de les classer. Et ce qui augmente la difficulté, c’est que souvent elles se distinguent moins par des oppositions tranchées que par l’attention que leurs auteurs ont donnée particulière ment tantôt à tel aspect du problème, si l’on peut ainsi dire, tantôt à tel autre. On peut toutefois distribuer les théories de la valeur en deux groupes principaux, celui des théories objectives et celui des théories subjectives.

282. Les théories objectives. — Parlons en premier lieu des théories objectives, qui ont la priorité dans l’ordre chronologique, et qui sont les plus imparfaites.

1° Un certain nombre d’auteurs se sont contentés, pour expliquer la détermination de la valeur, de parler du jeu de l’offre et de la demande, ou, comme l’on dit, de la loi de l’offre et de la demande. Ou plutôt ils ne prétendent pas, par la considération de l’offre et de la demande, résoudre complètement le problème de la détermination de la valeur ; ils ne se préoccupent pas de nous apprendre comment, une certaine offre et une certaine demande étant données pour une certaine marchandise, la valeur de cette marchandise s’établira. Ils disent seulement que la valeur varie dans le même sens que la demande, et en sens inverse de l’offre.

La portée de La « loi de l’offre et de la demande » étant ainsi limitée, que faut-il penser de cette loi ? Ceux qui la critiquent, généralement, se bornent à remarquer qu’elle est fausse, si on l’énonce d’une manière trop rigoureuse, et qu’elle est à peu près dépourvue d’intérêt, si on s’abstient de lui donner une forme mathématique. Prétend-on que la valeur des biens varie en raison directe de la demande et en raison inverse de l’offre ? L’observation donne à une telle assertion de continuels démentis. Affirme-t-on seulement que la valeur monte ou descend, selon que la demande ou l’offre varient, celle-là dans la même direction, celle-ci dans la direction contraire ? Une proposition aussi vague ne saurait être d’aucune utilité.

  1. On trouvera une compilation des théories de la valeur dans le livre de Kaulla, Die geschichtliche Entwicklung der modernen Werttheorien, Tübingen, Laupp, 1906.