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par l’échange, en le cédant. Mais qu’est-ce alors que le prix ? À l’ordinaire, les économistes définissent le prix en disant que c’est la valeur ex primée, mesurée en argent. Le prix d’un stock de marchandises, ainsi, ce serait la somme d’argent contre laquelle on cédera ce stock. Cette façon, toutefois, de définir le prix n’est peut-être pas tout à fait conforme à l’usage courant de la langue ; et elle présente en outre l’inconvénient de ne pas donner au mot « prix » un sens suffisamment distinct de celui du mot « valeur » : car en fait, la valeur des biens, dans les pays à économie monétaire, est presque toujours exprimée en argent. Il serait préférable, en conséquence, d’entendre par le mot « prix » la valeur qu’a l’unité d’une certaine sorte de biens : on ne parlerait pas du prix d’un stock de marchandises, du prix d’une terre déterminée, mais de leur valeur ; on parlerait, en revanche, du prix de telle marchandise — et ce serait la valeur du kilogramme, ou du mètre de cette marchandise —, du prix de la terre dans une certaine région — et ce serait la valeur de l’hectare, ou de telle autre mesure usuelle de surface —.

II. — Le problème de la valeur d’échange, solutions diverses qui en ont été proposées

280. Importance du problème de la valeur. — Comment la valeur d’échange se détermine-t-elle ? Telle est la question qui constitue ce qu’on appelle communément le problème de la valeur.

Le problème de la valeur occupe, entre tous les problèmes que l’économique a à résoudre, une position en quelque sorte centrale et dominante. Dans une économie, tout au moins, mercantile comme est la nôtre, c’est pour l’échange surtout que l’on produit : l’emploi qui sera fait des moyens productifs, dès lors, dépendra des prix auxquels les différents produits pourront se vendre ; et ainsi ce n’est qu’une théorie de la valeur convenablement construite qui permettra de comprendre l’organisation de la production. D’autre part, comme c’est par l’échange qu’on obtient, à l’ordinaire, ses revenus, c’est la théorie de l’échange, encore, qui nous fera comprendre comment s’opère la distribution des richesses. Au point de vue pratique, veut-on savoir quelles seront les conséquences économiques — tant pour la production que pour la distribution — de telles ou telles mesures législatives que l’on songe à introduire ? S’il s’agit de taxes, de droits de douane à établir, ou de telles autres mesures analogues que l’on peut imaginer, on n’en pourra prévoir les effets qu’autant que l’on aura des idées justes sur la valeur : car ces mesures n’influeront sur la production et sur la distribution qu’indirectement, en modifiant la valeur de certains biens. Et pour ce qui est de ces mesures qui n’ont pas pour objet di-