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des unités qu’il cède, ce vendeur pourra obtenir une somme plus grande.

D’une manière générale, dans les échanges, chaque offrant intervient avec une offre différente pour chacune des unités qu’il possède, et chaque demandeur intervient avec une demande différente pour chacune des unités successives dont il pourra se rendre acquéreur : ce n’est pas la valeur d’usage subjective des Autrichiens qu’il faudra considérer ici, mais la valeur d’usage au sens classique de l’expression — pour parler plus exactement, les valeurs d’usage successives des unités offertes et des unités demandées —.

En définitive, il n’y a pas lieu de retenir grand’chose de ces analyses de l’école autrichienne que nous avons résumées ; et il faut en revenir, sur le point qui nous occupe ici, aux enseignements des économistes classiques, lesquels appelaient valeur d’usage quelque chose qui correspond à nos désirs, qui en est en quelque sorte l’objectivation, et qui à cette valeur d’usage se contentaient d’opposer la valeur d’échange — c’est la valeur d’échange objective des Autrichiens —.

278. Où la valeur d’échange apparaît-elle ? — Attachons-nous à la valeur d’échange. Elle apparaît là où des échanges se font, ou du moins là où l’on conçoit que des échanges sont possibles. Elle n’existe donc que par rapport à cette sorte d’économie qui met en présence deux ou plusieurs individus. On a voulu, cependant, que la notion de la valeur d’échange eût une signification même par rapport à l’économie de l’homme isolé. Un homme qui vit seul, dit-on, ayant à choisir entre plusieurs productions qu’il peut également entreprendre, mais qu’il ne peut pas entreprendre simultanément, ne considérera pas seulement la valeur d’usage des différents biens que ces diverses productions lui permettront d’obtenir. Et cela sans doute est vrai. Mais il n’y a rien ici qui ressemble à la valeur d’échange : ce qui décidera du choix de notre homme, c’est, comme l’on dit parfois — l’expression, au vrai, n’est pas très heureuse — le « mérite » comparé de ces productions entre lesquelles il doit choisir, c’est l’excédent de la valeur d’usage que chacune d’elles lui procurera sur le coût correspondant ; c’est quelque chose, en somme, qui n’est pas sans analogie avec le bénéfice du consommateur ; si même l’on néglige l’élément de peine qui est impliqué dans le travail, le cas sera à peu près identique de notre producteur cherchant à obtenir le plus possible de bien-être avec son travail, et du consommateur cherchant à employer au mieux l’argent dont il dispose.

279. La valeur et le prix. — La valeur d’échange est le pouvoir qu’a un bien de s’échanger contre telle ou telle quantité d’autres biens. On en tend encore par l’expression « valeur d’échange » la mesure de ce pouvoir, en d’autres termes, le rapport selon lequel le bien en question s’échangera contre tels et tels autres biens, la quantité de ceux-ci que l’on obtiendra,