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de l’intérêt. Mais dans quelle mesure est-il possible d’agir sur le taux de l’intérêt ? Et d’autre part, si on peut élever ce taux, n’est-il pas à croire que les affaires en seront entravées ? N’arrivera-t-il pas encore que l’argent étranger viendra en plus grande abondance chercher à s’employer — en dehors de ces placements qui consistent à acheter du papier de commerce — ? Bref, il se produira, ici, des phénomènes divers et, complexes, et tels qu’il est bien malaisé de décider si dans l’ensemble ils seront heureux ou malheureux.

3° Le moyen le plus sûr de modifier le change, c’est de modifier la balance des créances et des dettes, par exemple en établissant des droits de douane qui diminuent les importations, Par là, en même temps que le change, on modifie réellement la situation économique. Reste à savoir s’il est avantageux ou non pour un pays de faire baisser le change en restreignant ses importations. Mais à cette question, il ne semble pas que l’on puisse donner une réponse générale. Reportons-nous à notre dernière figure. Si dans ce pays que nous avons appelé R, des droits de douane sont établis qui rendent certaines importations plus chères, la courbe des bénéfices de consommateurs donnés aux importateurs de R par les importations, celle courbe, au lieu d’être représentée par la ligne AC, le sera par la ligne A’C. Mettons que cette ligne A’C coupe en E la courbe des bénéfices de consommateurs donnés aux étrangers par les exportations du pays R, que le change, par conséquent, soit au pair ; les importations seront réduites de 0 P à 0 E, et les exportations aussi. Notre pays en retirera-t-il du profil ou du dommage ? Pour le savoir, il faudrait connaître l’utilité qu’avaient pour lui les biens qu’il cesse d’importer, l’utilité qu’ont pour lui ceux qu’il cesse d’exporter, puis encore entrer dans la considération de toutes sortes de faits de répercussion, voir par exemple si l’impossibilité où il sera de faire venir certains biens de l’étranger permettra d’exploiter des moyens de production précédemment inemployés, etc.

274. La loi de Gresham. — Il convient de rattachera l’étude des paiements internationaux — on verra tout à l’heure pourquoi — les quelques indications qu’il y a lieu de donner au sujet de la « loi de Gresham »[1].

L’observation a été formulée à diverses époques, et dès l’antiquité, que lorsque deux monnaies sont simultanément en usage dans un pays, la « mauvaise » chasse la « bonne ». On appelle cette observation « loi de Gresham » du nom d’un chancelier de la reine Elisabeth qui est un de ceux qui l’ont consignée.

Quand on parle de la loi de Gresham, on remarque généralement que le fait qu’elle énonce se présente comme un fait paradoxal : n’est-il pas cu

  1. Sur la loi de Gresham, voir Laughlin, Principles of money, chap. 12.