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métal, ces points où l’or, par conséquent, commence soit à entrer, soit à sortir[1].

2° Supposons que les pays entre lesquels le cours du change doit s’établir aient des circulations différentes, que l’un, par exemple, ait une circulation d’or, et l’autre une circulation d’argent ou de papier. Dans ce cas, les variations du change pourront être beaucoup plus fortes que précédemment. Entre un pays à circulation d’or et un pays à circulation de papier, ces variations sont limitées d’un côté par le point de l’or, tandis que de l’autre côté elles n’ont pas de limite théorique. Le pays à circulation d’or, s’il se trouve être débiteur de l’autre, pourra voir son change sur celui-ci monter jusqu’au point de l’or. En revanche, dans le pays à circulation de papier, le change peut monter indéfiniment, puisque le papier n’a par lui-même aucune valeur, et que son pouvoir libératoire est nul en dehors du pays où il a cours légal. Pour ce qui est, maintenant, des pays à circulation d’argent, la hausse du change y rencontre une limite, à cause de la valeur que l’argent possède. Cette limite est déterminée par le rapport qui existe entre l’or et l’argent comme marchandises, en tenant compte, en outre, de ce qu’il en coûterait pour transporter l’argent dans le pays créditeur. Pour acheter, dans un pays à circulation d’argent, un effet de 100 francs, payable en or, sur un pays étranger, on ne donnera pas plus que cette quantité d’argent qui vaut 100 francs d’or, augmentée de ce qu’il faut pour payer les frais du transport de l’argent en question.

271. Comment le change se détermine. — Telles sont les limites entre lesquelles le change peut varier. Mais, à l’intérieur de ces limites, où s’établira-t-il ? Avant de répondre à cette question, il faut, tout d’abord, examiner les effets du change.

Supposons que la place de Londres étant débitrice de celle de Paris, on soit obligé, à Londres, de payer 100,1 francs un effet sur Paris qui ne vaut que 100 francs[2], que le change de Londres sur Paris soit de 1 ‰ au-dessus du pair. Les importations de France en Angleterre se trouveront, par là, grevées de 1 ‰ : car le commerçant anglais qui voudra acheter pour 100 francs de marchandises en France aura la perspective, le jour où il lui faudra s’acquitter, d’avoir à payer 100,1 francs. Pour les exportations d’Angleterre en France, en revanche, un phénomène inverse se produira : car tandis qu’à Londres le change sur Paris montait au-dessus du pair, à Paris le change sur Londres descendait au-dessous du pair ; et ainsi, les

  1. À New-York, par exemple, les points de l’or pour les lettres de change d’une livre sur Londres sont 4,895 dollars et 4,835. À Paris, les points de l’or pour les lettres de change sur la même place sont 25,258 francs et 25,183.
  2. Nous ne tenons pas compte ici de la manière dont en fait le change est coté sur les différentes places.