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opérations du change, est intéressée d’une manière générale à ce que le numéraire soit abondant[1].

Nous avons supposé, jusqu’ici, des opérations de change se faisant entre deux places. En réalité, les places de change sont très nombreuses, et chacune d’elles est en relations avec toutes les autres. Si donc à Londres on demande du papier sur Paris, on n’aura point seulement, pour satisfaire à cette demande, ces créances que Londres possède sur Paris ; si Londres a des créances sur Hambourg, et qu’à Hambourg il y ait beaucoup de papier sur Paris, Londres pourra se procurer à Hambourg ce qui lui fait défaut. En conséquence, pour une place, le cours du change sur les places étrangères dépendra moins de la situation commerciale de la place en question par rapport à ces places étrangères considérées séparément, que de sa situation vis-à-vis de l’étranger en général.

Les communications qui existent entre les places de change tendent à égaliser, dans un moment donné, les changes d’une place sur les diverses places avec lesquelles elle est en rapport. Une certaine égalisation des changes dans le temps résulte de l’emploi des traites en blanc. Ces traites, qui ne représentent point des créances véritables, sont parfois un simple équivalent des billets de complaisance ; mais souvent aussi elles sont émises afin d’atténuer les fluctuations du change. Un pays, par exemple, dont l’exportation consiste surtout en blé, pu en coton, se trouvera être chaque année, dans ce moment qui suit la récolte, créancier des pays étrangers pour de fortes sommes ; le reste du temps, il aura plus de dettes que de créances. Il résulterait de là que le change, dans ce pays, subirait des oscillations périodiques, et qui pourraient être très fortes, et peut-être aussi qu’il devrait, chaque année, recevoir de grandes quantités de métal pour ensuite réexpédier ce métal à l’étranger. L’émission des traites en blanc — qui par ailleurs donne lieu à de graves abus, et qui est toujours une opération quelque peu dangereuse — permet d’éviter cela.

270. Entre quelles limites le change peut varier. — Quelles sont les limites entre lesquelles le change peut varier ? Il est nécessaire, ici, de distinguer deux hypothèses.

1° Prenons tout d’abord deux pays qui aient la même circulation monétaire, deux pays, par exemple, qui aient une circulation d’or. Dans le pays débiteur, l’agio du papier sur le pays créancier ne dépassera pas ce taux qui correspond à ce qu’il en coûterait pour faire transporter du métal. Dans le pays créancier, d’autre part, le cours du change ne descendra pas au-dessous de ce niveau où la perte qu’il représente pour les débiteurs étrangers serait égale aux frais causés par le transport du métal. On appelle points de l’or ces points où il devient indifférent de faire transporter du

  1. Sur la cote des changes, on trouvera des renseignements abondants et précis dans Arnauné, au chap. cité, § 2.