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ce que, en d’autres termes, les monnaies qui ont cours légal dans un pays, sauf exceptions, n’ont pas cours dans les pays voisins. Étant plus compliqué au point de vue théorique, le cas des paiements internationaux soulève des questions pratiques plus nombreuses et plus délicates ; on sait d’ailleurs que les questions concernant les économies nationales préoccupent les esprits beaucoup plus que celles qui concernent, à l’intérieur d’une même nation, les économies régionales. Au reste, dans ce que nous aurons à dire des paiements internationaux, il sera aisé de reconnaître ce qui peut s’appliquer aux paiements à effectuer d’une place à une autre place du même pays.

Soit donc un commerçant d’une certaine ville qui est débiteur pour une certaine somme d’un commerçant d’une ville étrangère. Pour s’acquitter, il peut en premier lieu envoyer des métaux ; il peut également envoyer des monnaies du pays de son créancier, s’il en a. Il peut, encore, envoyer des monnaies de son propre pays, que le créancier acceptera, soit parce que ces monnaies, en vertu d’une convention internationale, ont cours légal chez lui, soit parce qu’il est assuré de les employer — en les renvoyant dans le pays où elles ont été émises, ou en les cédant à quelqu’un qui aura un paiement à effectuer dans ce pays —, soit enfin pour le métal dont elles sont faites.

Toutefois, l’on évite autant que possible, quand on a des dettes à payer à l’étranger, de recourir à ce procédé qui consiste à envoyer des lingots ou du numéraire. La France, en 1904, a reçu de l’étranger pour 4.502 millions de francs de marchandises au commerce « spécial », et elle n’a exporté que 234 millions de lingots et de monnaie. Pour la Belgique, la même année, les chiffres correspondants sont 2.782 et 16 millions ; d’autre part, tandis que les exportations de marchandises de la Belgique s’élevaient pour le commerce spécial à 2.183 millions, le même pays n’importait que 26 millions de métal précieux, monnayé ou non[1]. C’est que le transport du métal, encore qu’il soit très peu coûteux relativement au transport de la plupart des marchandises, cause cependant des frais, et qu’ainsi l’on a avantage à adopter, pour s’acquitter envers l’étranger, de certaines autres méthodes.

Quels sont donc les moyens par lesquels on peut, sans être obligé d’expédier des lingots ou du numéraire, éteindre ses dettes envers l’étranger ? Ces moyens sont multiples : on peut envoyer en paiement des titres de valeurs mobilières, des coupons, des chèques, etc. Mais ce sont surtout les effets de commerce, et parmi eux les lettres de change, qui servent au règlement des comptes internationaux. Un commerçant de Paris doit une certaine somme à un commerçant de Londres. Or il y a sur la place de

  1. Cf. le Statistical abstract for the foreign countries, 1906, pp. 64-65, 200-203.