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Et l’on pourrait donner des carnets en blanc : les opérations qui y seraient inscrites se feraient aux risques des opérants. Imaginons qu’un projet dans le genre de celui que nous venons de mentionner puisse un jour être réalisé : alors, dit-on, l’économie se trouverait être revenue, par un de ces retours dont l’évolution sociale offre plus d’un exemple, à ce régime du troc qui a précédé historiquement le régime de l’échange monétaire[1] ; et dès à présent le développement du système des virements et des compensations tend à nous ramener au troc, en ce sens que dans la mesure où la monnaie est rendue inutile, les services et les produits que chacun reçoit se trouvent être payés par des services et des produits. Cette remarque contient beaucoup de vérité. Elle demande, cependant, à être bien comprise. En effet, tandis que dans le troc on reçoit de celui-là même à qui l’on donne, dans la plupart de ces échanges qui se règlent pur voie de compensation — de même que dans les échanges monétaires — on reçoit des services ou des produits d’un autre que de celui à qui on en fournil. Le développement du système des compensations, en somme, laisse subsister, il augmente même toutes ces facilités que l’introduction de la monnaie a créées pour les échanges, il laisse subsister, par là, les plus importantes des conséquences que l’introduction de la monnaie a eues, tout ce qui fait, comme nous l’avons vu, l’économie monétaire si différente de l’économie primitive du troc.

IV. — Le règlement des comptes de place a place. Le change[2].

268. Comment se règlent les comptes de place à place. Le change. — Nous nous sommes réservé d’étudier à part ces opérations par lesquelles se règlent les comptes de place à place. Si nous devions faire une étude complète de cette question, il y aurait lieu de distinguer ici le cas où les places qui ont des comptes à régler sont dans un même pays, et celui où elles sont dans des pays différents. Mais nous ne nous attacherons qu’au deuxième de ces cas. Il présente, au point de vue théorique, une complication plus grande ; cela tient à ce que chaque pays, à l’ordinaire, a son système monétaire propre, un système monétaire autre que ceux des pays voisins, ou du moins indépendant de ceux-ci, à

  1. Cf. Gide, Principes, liv. II, chap. 3, v.
  2. Consulter l’ouvrage classique de Goschen, Théorie des changes étrangers (trad. fr., Paris, Guillaumin, 4e éd., 1896), et Arnauné, La monnaie, 1re partie, chap. 4, §§ 2-4. Quelqu’un qui entreprend pour la première fois l’étude de la question du change trouvera profit à lire tout d’abord Cantillon, Essai sur le commerce, 3e partie, chap. 2-3, et Condillac, Le commerce et le gouvernement, 1re partie, chap. 17.