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autres pays, des institutions spéciales destinées à mettre en rapports les banquiers qui peuvent avoir des compensations à effectuer ensemble : ce sont les clearing-houses ou chambres de compensation[1]. Les clearing-houses ont été créés par l’initiative privée ; ils sont administrés par les banquiers qui y sont inscrits ; ceux-ci s’y rencontrent régulièrement ; et étant tous rassemblés, non seulement ils ont cet avantage de pouvoir effectuer avec moins de dérangement les compensations directes qu’ils ont à faire, mais ils peuvent procéder très facilement à des compensations indirectes : si A a des chèques sur B, que B en ait pour la même somme sur C, et C sur A, on pourra le savoir immédiatement, et par la simple annulation des chèques, toutes ces créances de A, de B et de C se trouveront éteintes.

Voici quelques indications sur le développement qu’ont pris les opérations des clearing houses. Celui de Londres, où se réunissent 18 clearing-bankers, a opéré des compensations, en 1906, pour 12.711 millions de livres[2]. À celui de New-York, en 1905, les compensations ont porté sur 93.822 millions de dollars ; en réunissant tous les clearing-houses des États-Unis, on arrive, pour l’année 1906, à un total de 157 milliards de dollars[3]. Pour la France et l’Allemagne, les chiffres sont beaucoup moins élevés : cela tient non seulement à ce que l’usage du chèque y est moins répandu qu’en Angleterre et aux États-Unis, mais aussi à ce que d’autres organes y remplissent pour partie la fonction que les clearing-houses remplissent exclusivement ou peu s’en faut dans ces derniers pays, ou une fonction analogue, par exemple à ce que la Banque de France et la Banque impériale d’Allemagne, comme on a pu le voir, ont donné une grande extension à leurs virements. La Chambre de compensation de Paris réunit 12 maisons, dont la Banque de France ; toutefois, si celle-ci envoie a la Chambre les effets qu’elle a sur les autres banques, elle n’admet pas en compensation les effets dont elle est débitrice : ces effets doivent être présentés à son siège. Du 1er avril 1904 au 1er avril 1905, il a été présenté à la Chambre de Paris pour 13.887 millions d’effets. Là-dessus, 10.277 millions ont été compensés ; 3.610 millions de soldes ont été réglés en mandats de virement sur la Banque de France. En Allemagne, les 12 Abrechnungsstellen aux opérations desquelles la Banque impériale participe ont compensé des effets, en 1906, pour 42.036 millions de marks[4].

265. Conséquences de l’emploi des substituts de la monnaie.

  1. Sur les clearing-houses particulièrement, voir Jevons, La monnaie, chap. 21, Arnauné, La monnaie, 3e partie, chap. 2, § 2.
  2. Cf. Raffalovich, Le marché financier (1906-07), p. 65.
  3. Cf. le Rapport du comptroller of the currency des États-Unis pour 1906, p. 61.
  4. Statistisches Jahrbuch de 1907, p. 224.