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sonne à qui le chèque a été transmis par endossement. En France, le chèque doit être encaissé dans un délai de 5 jours, s’il est tiré de la place sur laquelle il est payable, dans un délai de 8 jours, dans le cas contraire. En Angleterre on est tenu seulement de le présenter dans un délai raisonnable ».

L’emploi des chèques n’est pas sans présenter des inconvénients. Il peut donner lieu à des tromperies de la part de ceux qui les émettent. Il expose ceux qui les reçoivent en paiement à d’autres déceptions encore : le banquier sur qui le chèque est tiré peut faire faillite avant qu’il n’ait été touché ; et en outre le chèque peut être touché frauduleusement par un autre que par celui à qui il appartient. À ces inconvénients, cependant, on a paré dans une grande mesure. En France, par exemple, les deux premiers se trouvent atténués par le fait que lorsqu’un chèque est donné en paiement, l’extinction de la dette est subordonnée à l’acquittement de ce chèque. Quant au danger de détournement frauduleux, il peut être réduit par certains usages, comme l’usage anglais du chèque barré, dont nous avons déjà parlé.

C’est en Angleterre surtout que l’on se sert du chèque pour les paiements. Nous avons dit le chiffre énorme auquel se montent les sommes déposées dans les banques de ce pays. Tout Anglais qui possède quelque avoir a un dépôt chez un banquier, et il tire des chèques sur celui-ci, en même temps qu’il le charge d’encaisser les chèques qui lui sont donnés en paiement. Aussi la circulation des chèques, en Angleterre, est-elle très élevée. À la Banque d’Angleterre, il y a longtemps déjà, les instruments de crédit représentaient dans les paiements 87,5 %, les billets de banque 12,25 % le numéraire seulement 0,3 % ; pour les banques de Londres, dernièrement, les chiffres correspondants étaient, dit-on, plus de 97 %, plus de 2 % et 0,72 %[1]. En 1887, dans 3 grandes maisons de commerce de Londres, les paiements en chèques représentaient respectivement 67 %, 44,1 % et 66 %. C’est ce développement de la circulation de chèques qui explique que la quantité de monnaie en circulation — monnaie métallique et monnaie de papier — soit relativement faible en Angleterre, malgré la richesse du pays et l’intensité de sa vie économique.

Aux États-Unis également on se sert beaucoup des chèques. Un état des recettes effectuées le 15 septembre 1892 par 3.473 banques indique pour les chèques, les certificats de clearing-house et les compensations en clearing-house — ces deux dernières sortes de recettes se rattachant à l’usage des chèques — une proportion de 90,43 %, cependant que la proportion des billets était de 8,1 % et celle du numéraire de 1,47 %. En 1896, on esti-

  1. Ces derniers chiffres cités par Philippovich, dans son Grundriss, 1er vol., § 107, 4.