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table, en raison de certaines particularités qu’il offre, et notamment en raison du fait qu’il est apte à circuler indéfiniment. Nous ne voulons parler que des autres titres de crédit, de ceux qui ne peuvent circuler que pendant un temps, soit d’ailleurs que ce temps soit limité par une échéance fixe, soit que — ainsi qu’il arrive en Angleterre pour le chèque — la limite en soit quelque peu élastique.

Ces titres de crédit qui peuvent servir de substituts à la monnaie sont de sortes très diverses. Il n’est pas de titre de crédit dont on ne puisse concevoir qu’il joue ce rôle, et qui ne soit effectivement appelé, d’une manière exceptionnelle tout au moins, à le jouer. On pourra par exemple employer à effectuer des paiements les coupons des rentes et des obligations, et aussi les dividendes des actions — lesquels sont quelque chose d’analogue à ces coupons — . Toutefois on se servira surtout de ces titres de crédit qu’on a coutume d’englober sous la dénomination générique d’effets de commerce — lettres de change, billets à ordre et au porteur — et des chèques.

Les effets de commerce représentent une circulation fort considérable. Cette circulation était estimée il y a quelques années à 10 milliards pour l’Angleterre, à 6 milliards pour la France, à la même somme pour l’Allemagne[1]. Mais les effets de commerce, et principalement les lettres de change, qui sont parmi eux les plus importants de beaucoup, servent surtout à régler une certaine sorte de comptes auxquels nous aurons à consacrer une étude spéciale, les comptes qui existent entre des places, ou des nations différentes. La lettre de change, d’ailleurs, a été inventée pour les paiements de place à place ; et en France, avant 1894, le Code de commerce exigeait qu’elle fût tirée d’une place sur une autre. Ce n’est que dans de certaines régions, à de certaines époques, qu’on a pu voir la lettre de change employée tout à fait à l’instar de la monnaie : tel fut le cas, paraît-il, dans le Lancashire au commencement du XIXe siècle[2].

263. Les chèques. — Les chèques[3] peuvent être tirés, et sont tirés en effet tantôt sur la place même qui les émet, tantôt sur une autre place. Ils sont émis par des gens qui ont chez un banquier déterminé soit un dépôt, soit du moins un crédit ouvert ; le banquier paie la somme inscrite sur le chèque au porteur de celui-ci, si le chèque est au porteur, ou autrement à la personne nommément désignée par l’émetteur, ou à la per-

  1. D’après Gide, Principes d’économie politique, liv. II, chap. 5, ii, et l’article de Lexis, Wechsel (volkswirtschaftliche Bedeutung), dans le Handwörterbuch d. S., VII. Cf. Schmoller, Grundriss, § 182 (trad. fr., t. III).
  2. Cf. Arnauné, La monnaie, 1re partie, chap. 3, § 1.
  3. Sur les chèques, voir Jevons, La monnaie, chap. 19, Arnauné, La monnaie, 3e partie, chap. 2, § 1.