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VII. — Méthodes de l’économique[1].

18. Remarque préliminaire. — Quand on veut étudier la méthode — ou mieux les méthodes — de l’économique, on peut se borner à l’étude des méthodes de la science économique. L’histoire, comme on l’a vu, a pour rôle principal, dans l’économique comme ailleurs, de rassembler des matériaux pour l’édification de la science. Or, lorsqu’on étudie les méthodes de la science économique, on est obligé d’examiner où et comment doivent être recueillis les faits sur lesquels cette science reposera : on est donc obligé de s’occuper de la méthode de l’histoire économique. Et pour ce qui est de l’art économique, les procédés qu’il doit employer apparaissent d’eux-mêmes : quand on veut arriver à une certaine fin d’ordre économique, il faut premièrement inventer des moyens pour atteindre cette fin, et deuxièmement demander à la science quels effets on peut espérer de l’emploi de ces moyens.

19. La connaissance des faits. — La science économique est une science expérimentale, ou, comme l’on dit encore, une science du réel. Elle n’est point, comme sont les mathématiques, une science que l’esprit humain puisse construire en dehors de toute expérience. Les notions fondamentales de l’économique, c’est l’expérience qui nous les fournit : seule celle-ci peut nous faire savoir qu’il y a des biens économiques, une activité économique des hommes, une économie.

Celui qui veut s’instruire dans la science économique doit commencer par apprendre des faits. Le premier procédé de la méthode économique, comme de la méthode des autres sciences expérimentales, c’est l’observation.

Les observations économiques peuvent être de différentes sortes.

1° Il y a d’abord ces observations qui portent sur des faits simples isolés. Ainsi l’on notera qu’à telle date, en tel lieu, le taux de l’intérêt s’élevait à tant.

2° Il y a ensuite ces observations qui portent sur des réalités complexes, mais étroitement délimitées, et qui envisagent ces réalités soit dans un moment donné du temps, soit pendant une certaine période. On appelle du nom de monographies les écrits où sont consignés les résultats de pa-

  1. Sur cette question on doit recommander, comme particulièrement judicieuses, les études de Cossa (Introduzione, première partie, chap. 6) et de Wagner (Grundlegung, §§ 65-85 ; trad. fr., t. I ;. L’une et l’autre sont accompagnées d’indications bibliographiques utiles. Voir aussi les bibliographies mises par Schmoller dans son Grundriss, Introduction, III, 4 et 5 (trad. fr.. t. I) et à la fin de l’article Volkswirtschaft du Handwörterbuch der Staatstwissenschaften (Handwörterbuch, t. VII).