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D’après des partisans de la théorie adverse, les prix ne se proportionnent pas à la quantité de la monnaie en circulation ; du moins l’émission des billets n’augmente-t-elle pas cette quantité. Ils affirment, d’ailleurs, que les banques ne peuvent pas émettre des billets à volonté, du moment que ces billets sont convertibles ; que si les billets sont émis en quantité excessive, ces billets seront rapportés aux banques. Et ils concluent de là qu’il n’y a pas lieu de régler les émissions d’après le cours de la monnaie métallique dans les échanges extérieurs.

Nous n’avons pas l’intention de discuter d’une manière complète les vues des deux écoles du currency et du banking principles. Cela nous en traînerait beaucoup trop loin, d’autant que les auteurs que l’on rattache à ces écoles n’ont pas professé tous — dans chacune d’elles respectivement — des idées absolument pareilles. Nous nous contenterons d’examiner sommairement certaines des questions que ces auteurs ont cherché à résoudre.

253. Si l’émission des billets augmente la « circulation ». — L’émission des billets, tout d’abord, augmente-t-elle la quantité des « instruments de circulation » ? Ceux qui le nient représentent que les billets tiennent simplement la place d’autres titres de crédit, lesquels, si ces billets n’étaient pas émis, rempliraient le même rôle comme moyens de paiement ; ils disent qu’il ne faut pas mettre d’un côté les monnaies métalliques et les billets de banque, de l’autre côté les autres moyens de paiement, que les billets de banque ne diffèrent de ces derniers que par certaines propriétés point essentielles, comme la propriété qu’ils ont de circuler indéfiniment.

À la vérité, des considérations sommaires comme les précédentes ne sont pas pour nous permettre de décider sur le point en litige. Pour pouvoir nous prononcer, il nous faut examiner de plus près les conditions dans les quelles les billets de banque sont émis. Procédant à cet examen, d’ailleurs, nous nous persuaderons que l’émission des billets accroît véritablement la « circulation ».

Les billets de banque sont donnés souvent à des gens qui viennent remettre des espèces métalliques. Ces gens, s’ils n’avaient pas eu la faculté d’échanger leurs espèces contre des billets, les auraient employées comme un emploie les espèces, c’est-à-dire qu’ils s’en seraient servis pour effectuer des paiements. Les billets circuleront donc exactement de la même manière que les monnaies métalliques contre lesquelles ils sont échangés : ils en prendront exactement la place. Et la circulation sera accrue de cette portion des monnaies métalliques en question que la banque émettrice ne jugera pas nécessaire de garder pour couvrir les billets qu’elle a émis.

Passons au cas des billets que l’on donne à ceux qui viennent faire escompter du papier de commerce. Si l’on suppose que ceux qui font